autofiction.org - divers2024-03-27T19:01:55+00:00urn:md5:1fabb2ed7fdb146a7cf8de80637d365cDotclearFestival du regard Intime et Autofictionurn:md5:0eaeee80fd560bfab1fd5a17a40636f92021-10-23T08:50:00+01:00Isabelle Grelldivers<p>du 01.10-21.11à Cergy-Pontoise (ancien bâtiment de la poste)</p> <p>Festival du regard: Intime et Autofiction</p>
<p>Pour sa sixième édition, le Festival du Regard vous propose une plongée au cœur de l’intime et de l’autofiction. Après avoir exploré la période transitoire de l’adolescence (en 2018), les différentes façons d’« habiter » le monde (en 2019) ou de le parcourir avec curiosité (Voyages extra-ordinaires, 2020), nous vous emmenons aujourd’hui dans l’intimité de photographes-auteurs qui ont pris leur propre vie pour fil conducteur de leur travail. Parmi eux, une grande figure de la photographie, l’espagnol Alberto García-Alix dont nous présentons les images emblématiques devenues cultes représentant un monde alternatif, marqué par la mort et la poésie, l’amour et le désespoir. Parce que dans son oeuvre, la vie et la photographie son intimement liées dans un ballet somptueux, inquiétant et d’une rare force visuelle. L’exposition s’ouvre avec son célèbre auto- portrait intitulé «mon coté féminin». L’autoportrait, Jen Davis en a fait le cœur de son travail. Souffrant d’obésité depuis son plus jeune âge, elle s’est photographiée pendant onze ans pour mieux accepter son corps. Dans ses photographies à la beauté troublante, elle semble lancer un défi au regard du spectateur. C’est également avec l’autoportrait que la Canadienne Kourtney Roy enregistre la trace de sa présence dans le monde, dans l’intervalle d’une illusion. Telle une héroïne du grand écran, elle fait corps avec le décor. Les lieux, les espaces, sont pour elle source d’inspiration tout comme pour l’Américaine Eva Rubinstein. Mais à la différence de la jeune artiste flamboyante, la photographe de 88 ans préfère le silence du noir et blanc et la pénombre des intérieurs où déambulent avec grâce les acteurs anonymes de sa vie intime.</p>
<p>Dans le domaine de l’autofiction, nous nous devions de montrer le travail de Sylvia Ney, rendant hommage à Gustave Flaubert que certains considèrent comme le « père » de ce genre littéraire et dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. D’écriture il sera aussi question avec le couple Catherine et Marc Riboud. C’est en écrivant que Catherine a surmonté l’épreuve de mettre au monde une enfant trisomique, Clémence. Les textes d’amour et de rejet associés aux images tendres de Marc Riboud sont l’objet d’une exposition montrée pour la première fois... Autre famille, autre façon de narrer l’intime, en prélevant des instants fugaces de bonheur, en carré et en couleur, comme le fait avec délicatesse le photographe Patrick Taberna en véritable chroniqueur du temps qui passe. Quant à Marilia Destot, elle nous livre un journal intime en documentant la vie à deux, puis à trois, avec l’arrivée de l’enfant qui explose les habitudes dans un accrochage en constellation spécialement conçu pour le festival. Accrochage singulier également proposé par la jeune Lolita Bourdet, partie en quête de ses origines au Canada, et qui mêle habilement documents, albums de famille et images actuelles « fictionnalisant » la saga de ses ancêtres. S’il y en a un qui manie l’autofiction à merveille c’est bien Patrick Cockpit avec son road trip loufoque à la recherche des ossements de Franco sous forme d’un journal de bord caustique et railleur. Un peu d’humour, beaucoup de légèreté et surtout une grande liberté, voilà le style de Franck Landron qui photogra- phie comme il respire depuis l’âge de 13 ans tout ce qui l’entoure: l’internat de Pontoise, les copains, les filles, les vacances... tel un Lartigue contemporain. De l’humour Robert Doisneau n’en manquait pas... Ingrédient indispensable au sel de la vie, il le saupoudrait aussi et c’est moins connu, dans les cartes de vœux qu’il réalisait chaque année, mettant en scène ses filles, puis ses petits-enfants. Nous en dévoilons les coulisses...</p>
<p>Enfin, pour conclure, l’Américaine Deanna Dikeman nous livre un témoignage émouvant en photographiant ses parents au moment du départ. Un rituel tout simple qui a duré 27 ans... 90 photographies d’au revoir seront proposées aux visiteurs en fin de parcours, comme pour les saluer et leur dire à bientôt...</p>
<p>Le Festival du Regard n’oublie pas les pionniers (Hippolyte Bayard et son autoportrait en noyé) et ceux qui ont marqué l’histoire de la photographie de l’intime avec des séries ou des images inoubliables rassemblées dans la section « Les Classiques ». Parmi eux, citons « Le voyage sentimental » du photographe japonais Araki, les images floues et tremblantes de femmes fantasmées du tchèque Miroslav Tichý, les étonnants clichés de Lucienne Bloch d’une Frida Kahlo joyeuse et amoureuse, les stupéfiants portraits masqués de sa famille par Ralph Eugene Meatyard et les photographies hantées, où chair et ombre ne font qu’un, de Michael Ackerman.</p>
<p>Pour notre quatrième année à Cergy, nous sommes heureux d’annoncer une nouvelle collaboration avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy qui s’est concrétisée par un appel à projet lancé au printemps 2021 permettant à trois étudiants d’exposer pour la première fois. Autre nouveauté, le lancement du Projet Erigere - Festival du Regard consistant en des ateliers photogra- phiques menés avec les résidents de Marcouville à Pontoise tout au long de l’année, qui aboutira à une exposition lors de notre édition de 2022.</p>
<p>Durant les week-ends des rencontres avec les photographes, des visites commentées et des lectures de portfolios gratuites par des professionnels, seront organisées. Des projections-débats se tiendront également à la Maison des Arts.
Toutes les expositions sont gratuites, un catalogue édité par Filigranes est offert aux visiteurs sur simple demande.</p>
<p><a href="https://www.festivalduregard.fr/fr/index.html"></a></p>
<p>Publié par Isabelle Grell</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2021/10/23/Festival-du-regard-Intime-et-Autofiction#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/1195Ouverture du site Annie Ernauxurn:md5:0203040d80eddf636d7ac46715a373a22020-08-26T10:16:00+01:00Isabelle Grelldivers<p>Annie Ernaux online</p> <p>Depuis la parution de son premier livre, Les Armoires vides, en 1974, Annie Ernaux n’a cessé d’explorer, à travers l’écriture, l’expérience vécue – son expérience, mais aussi celle de sa génération, de ses parents, des femmes, des anonymes et des oublié.e.s, des autres. Son écriture s’oriente sur plusieurs axes, qui se recoupent au fil du temps et des livres: l’expérience du corps et de la sexualité; les relations interpersonnelles (familiales, amoureuses); les trajectoires et inégalités sociales; l’éducation; le temps et la mémoire; et l’écriture, véritable fil conducteur qui relie entre eux ces aspects. Toujours, dans les livres d’Annie Ernaux, les expériences les plus personnelles, voire intimes, sont chargées d’une dimension collective, sociologique, qu’il s’agisse de l’expérience du deuil, de la honte sociale, de la découverte de la sexualité, de la passion amoureuse, d’un avortement clandestin, de la traversée de la maladie, ou de la perception du temps.</p>
<p>Après avoir publié des textes d’inspiration autobiographique, mais présentés comme romans (Les Armoires vides, Ce qu’ils disent ou rien, La Femme gelée), Annie Ernaux, avec La Place, s’est détachée de la fiction pour creuser les possibilités de dire l’expérience et le réel. Ce faisant, elle a travaillé sur des formes narratives qui constituent de nouvelles directions dans l’écriture de soi: ses textes auto-socio-biographiques (La Place, Une femme, La Honte) explorent sa vie, celle de ses parents, et le milieu dans lequel elle a grandi, tandis que l’autobiographie collective Les Années dépeint l’histoire sociale et culturelle de la France, des années 1940 aux années 2000. Ses autres textes incluent des mémoires qui allient récit d’une expérience marquante et réflexion sur l’écriture de cette expérience (Passion simple, L’Événement, L’Occupation, Mémoire de fille); textes qui mêlent autobiographie et photographie (L’Usage de la photo, le photojournal d’Écrire la vie); et lettre à une absente, sa soeur décédée quelques années avant sa naissance (L’Autre fille). Annie Ernaux a également publié des journaux intimes, espaces de notation de l’expérience vécue (‘Je ne suis pas sortie de ma nuit’, Se perdre), ainsi que des des journaux extimes, constitués de fragments de micro-événements observés dans les lieux publics, les transports et les supermarchés (Journal du dehors, La Vie extérieure, ‘Regarde les lumières, mon amour’). Enfin, elle se penche sur le processus d’écriture dans les extraits publiés de son journal d’écriture (L’Atelier noir), dans des entretiens avec un autre écrivain (L’Écriture comme un couteau), et en faisant retour non seulement sur son écriture, mais aussi sur les lieux importants de sa vie (Retour à Yvetot, Le Vrai lieu).</p>
<p>Les livres d’Annie Ernaux rassemblent un lectorat large et fidèle et suscitent un intérêt très vif, visible par l’attention que lui portent les médias (presse, radio, télévision), et les multiples travaux dont ses livres font l’objet dans le milieu universitaire. Ce site répond à cet intérêt et s’en fait l’écho, en proposant des ressources bibliograhiques, biographiques, des textes d’Annie Ernaux (certains inédits), ainsi qu’un fil d’actualités liées à Annie Ernaux et son oeuvre. La fonction bilingue du site a pour vocation de mieux faire connaître l’oeuvre d’Annie Ernaux dans le monde anglophone, où nombre de ses livres sont traduits.</p>
<p>Bien que nous cherchions à fournir le plus d’informations et de ressources utiles, ce site n’a pas prétention à l’exhaustivité, et les opinions présentées dans ces pages n’engagent que leurs auteur.e.s. N’hésitez pas à nous contacter pour nous signaler toute parution manquante ou toute erreur figurant sur le site, qui a été conçu et développé avec le soutien d’Annie Ernaux.</p>
<p><a href="https://www.annie-ernaux.org/fr/">https://www.annie-ernaux.org/fr/</a></p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2020/08/26/Ouverture-du-site-Annie-Ernaux#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/1170Jean-Pierre Marielle, Facebook, des seins et l'extrême droiteurn:md5:5cefa74d6ab6d84d679f81db7a2c646f2019-04-24T23:32:00+01:00Arnaud Genondivers<p>Par Laurent Herrou</p> <p>Jean-Pierre Marielle, Facebook, des seins et l'extrême droite</p>
<p>Jean-Pierre Marielle est mort. Il reste pour moi cet adulte décalé, désemparé, devant la beauté d’Agnès Soral, à peine sortie de l’adolescence, et qui ne sait pas quoi faire avec ses sentiments. Et ses désirs.</p>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/./.Capture_d_ecran_2019-04-25_a_00.23.48_m.jpg" alt="Capture_d_ecran_2019-04-25_a_00.23.48.png" style="display:block; margin:0 auto;" title="Capture_d_ecran_2019-04-25_a_00.23.48.png, avr 2019" /></p>
<p>Parce que Facebook, en miroir des mots que je viens d’écrire, a vraiment un sale esprit et ne sait pas faire la différence entre un hommage et de la pornographie — et quand bien même aurait-on envie de poster de la pornographie, n’existe-t-il pas des collectionneurs d’art qui s’y intéressent sans pour autant qu’on les targue de libidineux ? — la photographie que je choisis pour illustrer l’acteur, qui le représente en caleçon de bain aux côtés de Victor Lanoux, et de la jeune fille, seins nus, est censurée par le réseau social. Et parce qu’à cinquante-deux ans, Facebook, c’est un peu à la fois le père et la mère que nous n’avons plus (non pas qu’ils soient forcément morts, mais simplement que leur avis, hein…), je suis puni pour vingt-quatre heures sous couvert de ne rien poster qui dérange l’humanité.</p>
<p>Que l’extrême-droite possède un compte ne semble déranger quiconque. Que les posts racistes et homophobes fleurissent sur la toile, pas davantage. Que les cons aient un compte Facebook ne rendra l’humanité ni plus intelligente, ni plus bête.</p>
<p>Je suis certain que Marielle aurait apprécié, lui, ces quelques mots.</p>
<p>Laurent Herrou, le 24.04.2019</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2019/04/24/Jean-Pierre-Marielle-Facebook-des-seins-et-l-extreme-droite#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/1131Laurent Herrou, la Fnac et le petit mot...urn:md5:f10534e7aac4b9a90f2b76ce399a436b2018-04-18T16:00:00+01:00Arnaud Genondivers<p>Par Laurent Herrou</p> <h2>Laurent Herrou, la Fnac et <em>Le Petit mot</em></h2>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/./.01a_s.jpg" alt="01a.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="01a.jpg, avr 2018" /></p>
<p>La Fnac Toison d’Or (l’une des deux localisations que possède la Fnac à Bruxelles) m’informe ce jour, par le mail de l’un de ses responsables des Produits Editoriaux, « de la décision de (sa) direction de ne pas commercialiser (mon) livre dans (son) magasin. »</p>
<p>Le livre en question s’intitule <em>Le Petit Mot</em>.</p>
<p>Il recense sur huit ans d’activité de libraire à la Fnac (2000-2008) dans l’un de ses magasins en France (Nice), les sentiments ambivalents qui traversent son auteur vis-à-vis de l’emploi alimentaire, nécessaire pour survivre dans la société française de XXIème siècle quand on est un artiste. Il témoigne des rencontres (avec les clients, occasionnels ou réguliers), rend compte des lectures (personnelles ou « Coups de Cœur ! », pour reprendre la terminologie Fnac, et parfois coups de gueule aussi…), convoque auteurs (qu’ils soient présents sur la « surface de vente » ou uniquement dans leurs publications), il met en parallèle deux « mondes du travail » différents, opposés, antagonistes et complémentaires : celui de faiseur de livres et celui de vendeur de livres. Soit, écrivain et libraire, fusionnés dans la même entité : Laurent Herrou, auteur du <em>Petit Mot</em>. Il est autofiction puisque sous forme de journal intime et qu’il y puise sa matière, il est exercice de style, ou plutôt, pour reprendre la belle expression de Sylvie Loignon dans l’article qu’elle a consacré au livre (1), « relève d’une écriture à contraintes » (chaque phrase contenant ce « petit mot » éponyme, « Fnac »), il est ou se veut « libre, différent, audacieux » (pour citer l’exergue de Denis Olivennes, alors PDG du Groupe Fnac, dans un courrier à l’endroit de ses employés).</p>
<p>Qu’un éditeur, belge de surcroît, dénommé Eléments de langage, s’intéresse à ce texte-là, précisément, n’est pas un hasard : le « je(u) de (petit) mot » contenu dans cet O.L.N.I. (Objet Littéraire Non-Identifié, suivant la dénomination de l’une des collections de l’éditeur) ne laisse pas indifférent et donne au texte sa justification pour passer de plaisir solitaire à œuvre littéraire. Pour Sylvie Loignon, « (le petit mot) donne à voir un univers oppressant et répétitif (…), il rythme la phrase comme il rythme l’emploi du temps » (1). Pour Arnaud Genon (2), « le mot, dans sa répétition, dans son ressassement créé une saturation qui relève aussi de la jouissance. C’est ce que remarquait Roland Barthes dans Le plaisir du texte, lorsqu’il notait : « la répétition engendre elle-même la jouissance. Les exemples ethnographiques abondent : rythmes obsessionnels, musiques incantatoires, litanies, rites, nembutsu bouddhique, etc. : répéter à l’excès, c’est entrer dans la perte, dans le zéro du signifié ». Et c’est exactement l’effet que produit Le Petit mot, livre devenu litanie, incantation dans lequel « Fnac » n’est plus qu’un signifiant engendrant une musique quasi vaudou au pouvoir cathartique. » « Mettre le langage en réflexion pourrait être sa devise », écrit Nicolas de Mar-Vivo, fondateur d’Eléments de langage, au sujet de son catalogue : « Il ne recherche pas le profit mais de nouveaux espaces littéraires pour y faire résonner des voix singulières. »</p>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/./.couverture_20recadree_20LE_20PETIT_20MOT_20pour_20WEB_jpg_opt528x814o0_0s528x814_s.jpg" alt="couverture_20recadree_20LE_20PETIT_20MOT_20pour_20WEB_jpg_opt528x814o0_0s528x814.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="couverture_20recadree_20LE_20PETIT_20MOT_20pour_20WEB_jpg_opt528x814o0_0s528x814.jpg, jan 2018" />
Aujourd’hui, <em>Le Petit Mot</em> est référencé sur le site de la Fnac. C’est-à-dire que l’on peut le commander, sur le site en question et en magasin, voire l’y trouver si un libraire (et plus certainement, un Responsable Livres et Produits Editoriaux) s’y intéresse et prend la décision de l’y placer. En cela, l’information bruxelloise est caduque : dans la mesure où le livre est référencé sur le site de l’enseigne, son magasin ne peut pas « ne pas (le) commercialiser ». Il peut tout au plus ne pas le faire figurer en rayon, dans la mesure où le livre ne relève d’aucun « office » (commande obligatoire, dépendant d’accords entre librairies et distributeurs).</p>
<p>Au responsable de la Fnac Toison d’Or — qui avait accepté l’ouvrage en premier lieu alors qu’il ne faisait pas encore l’objet d’un référencement de l’enseigne —, j’ai précisé en réponse à son mail que « le livre n’est pas polémique à l’encontre de la Fnac : il explore simplement les sentiments qui naissent à la fois d’une dichotomie (être écrivain / être libraire) et des contraintes de tout un chacun vis-à-vis de son travail. »</p>
<p><br /></p>
<p>Notes :</p>
<p>(1) : <a href="http://www.autofiction.org/index.php?post/2018/03/25/Le-visage-oublie-%3A-la-hantise-du-Petit-Mot-de-Laurent-Herrou-Laurent-Herrou">http://www.autofiction.org/index.php?post/2018/03/25/Le-visage-oublie-%3A-la-hantise-du-Petit-Mot-de-Laurent-Herrou-Laurent-Herrou</a></p>
<p>(2) : <a href="http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&srid=304&ida=18769" hreflang="fr">http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&srid=304&ida=18769</a></p>
<p>Laurent Herrou, auteur du <em>Petit mot</em>, éd. Eléments de langage, coll. O.L.N.I, 2018, ISBN 978-2-930710-15-0</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2018/04/18/Laurent-Herrou-la-Fnac-et-le-petit-mot#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/1103Last goodbyeurn:md5:5bf0ee7ba62063fb61b4643d6f155e572015-09-13T18:06:00+01:00Arnaud Genondivers<p>Par Olivier Steiner</p> <p>Last Goodbye</p>
<iframe width="420" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Myp-Ske0Nbc" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
<p>24 heures dans une vie : première permission après un long mois de réclusion forcée,</p>
<p>rdv 11h antenne RSA Place d’Italie, « mais monsieur vous n’avez pas de certificat d’hébergement ? ni la feuille d’imposition de la personne qui vous loge ? Mais non ce n’est qu’une boîte aux lettres, je squatte à droite à gauche, Mais vous ne dépendez pas de chez nous alors mais des sdf à Bastille, je vous donne l’adresse,</p>
<p>midi 30, déjeuner avec une amie très chère, entre la poire et le dessert apprendre son coup de poignard de l’été, un peu sonné hésiter entre la maladresse ou la faute,</p>
<p>marcher dans Paris noyé de soleil, aller à la fameuse antenne RSA qui s’occupe des SDF, y rester deux heures au milieu de mes nouveaux comparses, choc visuel et olfactif,</p>
<p>en sortir épuisé, décider de marcher dans Paris si beau, si vif, flâner Place des Vosges puis rue des Francs-Bourgeois, ivre de la foule, du monde, des gens, croiser Youssef Nabil et Isabelle Adjani, se parler, de Patrice notamment, se sourire, je balbutie mon émotion, nouveaux sourires, échange d’adresses,</p>
<p>aller baiser divinement bien avec un ancien amant, toujours aussi beau, si sensuel et sexuel, le quitter et aller chez le coiffeur rue Rambuteau, petit détour par les Mots à la Bouche pour acheter quelques livres, Pasolini, L’odeur de l’Inde,</p>
<p>fin d’après-midi retrouver de véritables amis Porte des Lilas, partager un armagnac 1972, danser, rire, pleurer, se coucher vers minuit, somnifères, la tête tourne, les montagnes russes.</p>
<p>Lendemain matin rdv à 10 heures avec l’éditeur, il est ok, le troisième livre paraîtra début mars, cool, c’est peut-être ça le plus important, rire avec l’éditeur : Untel est une sacrée pute quand même, il utilise la littérature comme un instrument de pouvoir, et celui-là, comme ses dents rayent le plancher, aucune décence, bon, putain de monde de bébés requin, on se serre la main, on s’embrasse, métro, bus, aller déjeuner avec celui qui est comme mon frère et qui déteste mes statuts (statues?) impudiques sur FB, morceau d’après-midi au parc Monceau, tout dire non pas pour s’exhiber, exaltation – ostentation de soi-m’aime, mais au contraire don, partage, main tendue, cri vers les déserts, aussi,</p>
<p>violence avec mon ex, rancoeur, gâchis, on ne se perd pas on se rate bêtement, meurtre symbolique… que de dégâts, tant de haine et de douleur, échanger quelques sms d’amitiémour avec Camille my love, un peu de tendresse enfin, de finesse, de compréhension entre les lignes,</p>
<p>recevoir un beau mail de Thierry Thieû Niang, répondre illico, je te serre fort moi aussi, ne nous perdons pas de vue,</p>
<p>le temps est toujours aussi radieux, rentrer à la clinique, faire un petit détour par la petite maison de l’ex, mettre une lettre manuscrite dans la boîte, arracher dans le jardin à mains nues tout ce que j’ai pu planter au printemps, les fleurs grimpantes, le framboisier, la menthe, le basilic et le thym, oui c’est moche pour les plantes – et je m’arrache une partie du coeur en faisant ça, mais il me faut extraire de terre les promesses de vie – je ne voudrais pas qu’elles fleurissent et donnassent (lol) des fruits dans mon dos : l’ex m’a foutu à la porte quand même, à la rue comme un chien début août, et rupture par mail, alors que j’étais à Nice à plusieurs centaines de km, quel lâche, même pas le courage de me le dire en face ! annihiler 3 ans d’amour et de vie commune pour quelques malheureux plans culs sans importance, simples errances dues à un terrible mal être, à un certain ennui dans ma vie de couple, et ce malgré les sentiments, je ne sais pas si c’est de la diffamation ce que j’écris, qui connaît mon ex de toute façon ? je reconnais juste que je n’aurais dû rentrer sur une propriété privée (le jardin), en même temps je ne suis pas entré dans la maison et la porte du jardin s’ouvre toute seule sur la rue,</p>
<p>last goodbye, gorge nouée, petites larmes amères, fatigue soudaine, métro, RER, bus, me voilà de retour rue d’Orgemont à Argenteuil, chambre 218P, dans ma clinique psy, il y a bien pire dans la vie, bien pire, je suis du côté des chanceux. Le pire des péchés étant de vivre sans être vivant.</p>
<p>Olivier Steiner</p>
<p>Mise en ligne Arnaud Genon</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2015/09/13/Last-goodbye#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/938Don jeurn:md5:c5ea23c5c68a69fab0c3110614bfde362014-12-06T18:19:00+00:00Arnaud Genondivers<p>Par Laurent Herrou</p> <p>« Don Je » (2 vidéos)</p>
<p>Par Laurent Herrou</p>
<p>Voir ici : <a href="http://musemedusa.com/dossier_2/laurent_herrou/">http://musemedusa.com/dossier_2/laurent_herrou/</a></p>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/./.Screenshot_2014-12-06-19-30-51_m.jpg" alt="Screenshot_2014-12-06-19-30-51.png" title="Screenshot_2014-12-06-19-30-51.png, dec 2014" /></p>
<p>En 2010, je me suis installé à Paris après quinze ans de vie commune avec un homme à Nice. J’y ai mis fin progressivement, en travaillant à nouveau dans la capitale française, en y trouvant de nouveaux repères, en y rencontrant de nouveaux amants, en y réapprenant à écouter et à regarder mon corps — à l’aimer ?</p>
<p>Je suis un auteur de l’autofiction. Mon dernier texte publié alors en numérique (Publie.net, 2008) s’intitulait « Je suis un écrivain ». Pourtant, lors des deux premières années de mon installation, et même si je concrétisais de nouvelles publications en utilisant des textes que j’avais écrits précédemment, je n’ai pas écrit une seule ligne. Je n’en trouvais ni le temps, ni l’envie, je ne percevais pas la chose à dire.</p>
<p>C’est à cette époque-là que je me suis mis à chanter.</p>
<p>A chanter, à faire semblant, à mimer les chansons. A jouer avec mon image, mon corps, mon visage et ma voix, à découvrir vidéo après vidéo de quoi j’étais capable. Non pas que je me sois découvert des dons de chanteur, non, je suis très conscient de mes limites, de la fausseté de ma voix dans les vidéos dans lesquelles je chante vraiment (et vous en avez un exemple avec « Send in the Clowns », instrumental from Barbra Steisand’s cover), mais dans l’interprétation. Dans l’appropriation. J’ai soigné la prise de vue, le cadrage, le décor, le costume, parfois son absence, l’accessoire, le cas échéant. J’ai parodié, j’ai interprété, j’ai dansé également (deuxième exemple, avec « I don’t care », de Ricky Martin). Je choisissais les chansons suivant le message qu’elles véhiculaient, qui souvent étaient un écho de mes propres sentiments tout en étant des références à des chansons du passé que j’aimais (la Bande Originale de « Fame », le premier tube connu en France de Céline Dion et que j’écoutais au lycée, « D’amour ou d’amitié », des extraits de comédies musicales de Broadway) ou à l’actualité (Lady Gaga, Britney Spears, Maroon 5) : je ne pouvais respirer à moins qu’il ne soit « Here with me », rien n’allait normalement j’étais « Torn », je démarrais « Une autre histoire », il y avait un « Hero » au fond de moi si je cherchais bien, et ainsi de suite…</p>
<p>En d’autres termes, vidéo après vidéo, paroles après paroles, je me disais, autrement : c’était une autre forme d’écriture, une autre facette de l’autofiction.</p>
<p>De 2010 à 2012, j’ai réalisé ainsi près d’une centaine de vidéos, la plupart postées sur Facebook. Je continue de façon sporadique à en faire, mais elles sont aujourd’hui sorties de la catharsis nécessaire à cette période-là : accepter mon image et ma voix, pour accepter mon geste — avoir quitté l’autre — et accepter de m’aimer à nouveau.</p>
<p>Dans le cadre du second appel à projets de Musemedusa, il m’est apparu que les deux vidéos choisies, en les associant, reconstruisaient un personnage, mon personnage, mon « Je » : un corps qui cherche la séduction, qui appelle, qui invite ; et un visage ridiculisé (et se ridiculisant, un clown) dont le pathétique reflète un profond mal-être. La recherche forcenée du plaisir du personnage de Don Giovanni, son « insoutenable légèreté de l’être », sa séduction maladive et sa constante insatisfaction font écho aux paroles de la chanson de Sondheim :</p>
<p>Don't you love farce?
My fault, I fear.
I thought that you'd want what I want -
Sorry, my dear.</p>
<p>Ce « Don Je » arbitraire, fragmenté, duel, qui est ma proposition pour la thématique sur Don Giovanni, ne dit rien d’autre, mais par la chanson et l’image, que la comédie misérable, masochiste, de l’homme face à l’amour, et son incapacité à aimer — en l’occurrence : la mienne.</p>
<p><a href="http://musemedusa.com/dossier_2/laurent_herrou/">http://musemedusa.com/dossier_2/laurent_herrou/</a></p>
<p>Laurent Herrou, avril 2014</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2014/12/06/Don-je#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/877Un jeans grisurn:md5:70116eb48a59b96ed82629a9f0d63aee2014-08-27T18:24:00+01:00Arnaud Genondivers<p>Par Olivier Steiner</p> <p>Un jeans gris</p>
<p>Par Olivier Steiner</p>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/./.jeans_braddom_diesel_gris_00cp090887dgris_4_s.jpg" alt="jeans_braddom_diesel_gris_00cp090887dgris_4.jpg" title="jeans_braddom_diesel_gris_00cp090887dgris_4.jpg, aoû 2014" /></p>
<p>C'était une journée dans Paris, la fin des vacances, la rentrée, on attendait la nomination d'un nouveau gouvernement. Le plus jeune avait donné de ses nouvelles la veille, d'un coup, pourquoi d'un coup après tous ces mois de silence ? Le plus vieux s'en était étonné, il demanda la raison de ce retour inattendu. Le plus jeune répondit qu'il avait fait du ménage dans sa vie, la voix pleine de sous-entendus il ajouta que ce fut compliqué. Le plus vieux envoya une demande d'amitié Facebook, le plus jeune l'accepta illico, l'un et l'autre purent voir leurs photos respectives, leurs statuts, leurs traces. En voyant certaines photos le plus vieux se sentit excité. D'autant plus excité qu'il prit certaines phrases du plus jeune comme des propositions d'incendie. Le plus jeune proposait un rendez-vous dans Paris. Le plus vieux accepta et alla plus loin, il se mit à rêver du corps du plus jeune, rêva de le déshabiller, imagina des actions et des positions, envoya même ce que les hommes modernes appellent des pics hot. Le plus jeune s'en amusa, il avait l'habitude. Le plus vieux parla de louer une chambre d'hôtel. Ce n'était pas trop dans ses moyens financiers mais la perspective d'une peau si jeune, si douce, si fraîche était irrésistible. Le plus vieux n'étant pas célibataire, il songea à son infidélité. Mais il se ravisa, la culpabilité n'étant pas dans ses cordes, faut-il avoir peur de ce qui est délicieux ? Où est le mal ?</p>
<p>Comme convenu ils étaient là tous les deux à l'heure dite, le nouveau gouvernement n'était toujours pas annoncé et les rumeurs allaient bon train. Le plus jeune venait de Marne-la-Vallée où il habitait depuis quelques mois, une colocation à cinq, une fille, un garçon hétéro, un couple de garçons et lui, le plus jeune. Le plus vieux remarqua que le jeune portait le même jeans qu'il y a six mois, quand ils s'étaient connus, dans ce lieu connu pour être un refuge. Le plus vieux se dit en voyant le plus jeune qu'il était effectivement bien mignon, mieux encore, craquant et il puait le sexe. Ils commandèrent deux coca et se mirent à parler. De tout, de rien. Très vite le plus jeune dit : Et toi, tes amours ? Le plus vieux répondit, il dit qu'il avait un fiancé qu'il aimait, que tout allait bien. Le plus jeune sourit puis dit : Mais ? Il y a un "mais"... Le plus vieux dit que non, qu'il n'y avait pas de "mais"; sur ce il retourna la même question au plus jeune. Pendant que le plus jeune racontait, le plus vieux pensait à la chambre d'hôtel, à la baignoire, à la chaleur. Le plus jeune dit qu'il venait de travailler chez Disney, tout l'été, il faisait Tigrou et même le prince charmant. Le plus vieux demanda : Et maintenant, tu fais quoi ? J'ai un bout de chômage répondit le plus jeune. Mais après avoir payé le loyer il ne me reste plus que soixante euros par mois. Le plus vieux ne sut pas quoi dire. Soixante euros, vraiment ? Il n'osa pas demander si c'était vrai. Quoi qu'il en soit il devenait hors de question de louer une chambre d'hôtel dans le marais, louer Tigrou, louer l'amour et l'abandon, le prince charmant de vingt ans. Le plus vieux se connecta, toujours pas de dépêche concernant le gouvernement. D'un coup le plus jeune dit merci pour le livre. - Quel livre ? - Mais tu sais, dit le plus jeune, celui que tu m'avais offert, de Nina... - Ah oui ! Nina Bouraoui ! Tu l'as lu ? - Oui, deux fois dit le plus jeune, j'ai adoré comment elle écrit. Le plus vieux était content. Soudain il dit : et Hervé Guibert, tu connais ? Non, fit le plus jeune. - Viens, on va aller dans une librairie que je connais. Ils quittèrent le café. Aux Mots à la bouche il y avait tous les Guibert, presque tous, le plus vieux acheta<em> Fou de Vincent</em>. Bêtement, le plus vieux était fier d'être dans cette librairie avec le petit animal qui ne connaissait pas Guibert, quel plaisir de lui faire découvrir Guibert... Dans la librairie le plus jeune dit qu'il aimerait savoir écrire, faire un livre, avoir son nom sur un livre. Le plus vieux dit : Ce que tu ne sais pas, c'est que tu es déjà dans un livre, et il est ici, dans cette librairie. Le plus jeune ne comprit pas. Le plus vieux alla chercher un livre qu'il avait fait, il l'offrit au plus jeune, lui dit que ce livre commençait par lui et finissait avec lui. Le plus jeune feuilletait le livre et resta silencieux un long moment, un petit sourire tremblant aux lèvres. Il demanda pourquoi ça s'appelait <em>Les lucioles</em>. Le plus vieux répondit c'est comme toi, une luciole. Le plus jeune rit. Ils quittèrent la librairie, avec <em>Les lucioles</em> et <em>Fou de Vincent</em>.</p>
<p>Le plus vieux demanda pourquoi le plus jeune était si vite parti du Refuge. Ils m'ont viré répondit le jeune homme : j'ai un problème au coeur, j'ai été hospitalisé, j'ai disparu pendant dix jours, je n'avais pas de portable pour appeler, quand je suis revenu ils m'ont dit qu'il n'y avait plus de place. Le plus vieux était surpris, un peu incrédule : Mais tu avais un certificat médical ? Oui, dit le plus jeune, mais malgré ça ils m'ont viré. Le plus vieux se tut, de toute façon c'était du passé. Ils marchèrent rue Vieille du Temple, lentement, le plus vieux regarda les nouvelles, toujours pas d'annonce gouvernementale. Le plus jeune dit qu'il avait envie de se promener, marcher dans la ville, avec le plus vieux. - A Marne-la-Vallée, tu sais, tout est si pareil, j'en ai marre, et l'été a été pourri. Le plus vieux eut l'idée de lui montrer un endroit secret, un trésor, le jardin des rosiers. Ils s'installèrent sur un banc, le plus vieux aurait préféré s'allonger sur la pelouse mais elle était trop mouillée. Ils parlèrent encore, de tout, de rien, c'était bien. Le plus vieux questionna le plus jeune sur sa beauté. Le plus jeune répondit qu'il était bourré de complexes. Il dit qu'il ne se trouvait pas beau mais voyait bien qu'il plaisait, il dit : Je me fais draguer de tous les côtés, tout le temps. Le plus vieux demanda : Et donc, c'est ennuyant ? Le plus jeune dit que ça fait plaisir, parfois, mais que c'est lourd, et puis tout est donné, là, à disposition, suffit de se servir. Le plus vieux comprenait très bien mais il se taisait. Le plus jeune dit : Tu comprends, parfois j'ai pas le temps d'avoir envie, tout le monde a envie pour moi. Le plus vieux eut envie de rentrer, prit soudain d'une tristesse quelque part dans le corps. Une tristesse toute petite. Le plus jeune dit : T'es libre, jeudi ? On se revoit jeudi ? Puis il demanda la direction du RER, dit qu'il était perdu dans Paris. Le plus vieux dit qu'il allait le raccompagner. Devant les boutiques de la rue des Francs-Bourgeois, le plus jeune ralentit : j'aimerais bien gagner au loto, même mille euros. Le plus vieux demanda ce qu'il ferait avec ? Je m'achèterai des vêtements, j'en ai marre de porter toujours les mêmes trucs. Le plus vieux s'arrêta devant une boutique, ils entrèrent, le plus vieux acheta un jeans gris clair, un gilet avec des rayures et une chemise bleue : Laisse-moi t'habiller, ok ? Le plus vieux s'offrit le luxe de ne pas regarder les prix, il s'offrait le plaisir d'acheter des tailles S et XS. Le plus jeune rougissait et dit : Toi tu m'énerves ! Et il eut l'intelligence de ne pas dire merci. Dans la cabine d'essayage le plus jeune demanda pourquoi il faisait ça ? "T'es trop gentil, toi." Bonne question, la question de la gratuité... Le plus vieux répondit qu'il n'était pas gentil, que quand il avait l'âge du plus jeune, un autre plus vieux avait fait la même chose, d'une certaine façon il rendait ce qu'on lui avait donné. Le plus jeune ne répondit pas, la taille 32 était trop grande, il fallait du 28. - Alors, il te plaît, ce jeans gris ? Oui, dit le plus jeune, beaucoup, et ça me fait un joli cul. Tu me montreras ? dit le plus vieux. Oui, dit le plus jeune, ce soir je te fais des photos privées.</p>
<p>Devant la caisse le plus jeune était content et le plus vieux se dit que c'était une belle journée, une journée moins perdue que les autres. Le gouvernement venait d'être annoncé. Une belle journée, toute simple, toute simple, pas si simple en même temps. De retour chez lui le plus vieux se coucha et alluma la radio, la chaîne culturelle, dirigée par un phallocrate, un ambitieux, un animal politique à sang froid. C'était une émission sur la rentrée littéraire, une sorte de revue de presse, les critiques parlaient d'eux-même, ils ne parlaient pas des livres mais de leurs critiques sur les livres. Le pire était un écrivain critique journaliste connu, d'un coup il dit, comme s'il était au café du coin, la voix infatuée, pleine de morgue et d'ironie : de toute façon, l'autofiction faudra un jour qu'on m'explique... Le plus vieux éteignit la radio, qu'ils aillent se faire foutre, les morts, tous, tous les morts, comment les faire taire, les morts ? Le plus vieux prit ses gouttes et son somnifère. Il appela son amoureux. Il raccrocha, ouvrit un livre et le referma. Il pensa au plus jeune dans son jeans gris. Le monde était calme et triste, si vaste et si triste. Le plus vieux s'endormit, il rêva que l'humanité entière poussait un grand cri, un grand cri d'effroi, qui ressemblait à un grand rire cruel.</p>
<p>Olivier Steiner</p>
<p>Mise en ligne Arnaud Genon</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2014/08/27/Un-jeans-gris#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/847Olivier Steiner par Jérôme Léon...et le contraire...urn:md5:a37c25cb906647ccf4af3300cc85748b2014-04-09T18:36:00+01:00Arnaud Genondivers<p>Par Olivier Steiner</p> <p>Olivier Steiner par Jérôme Léon...et le contraire...</p>
<p><img src="http://www.autofiction.org/public/VERREB_1.JPG" alt="VERREB_1.JPG" title="VERREB_1.JPG, avr 2014" /><br /></p>
<p>(Photographie I.Roth)</p>
<p>Aux amis qui aiment l'autofiction, à celles et ceux qui ne pensent pas que l'autofiction est une dérive narcissique stérile mais un vrai mouvement de l'ensoi vers toi, généreuse, tout sauf égotique, paradoxalement, parce qu'il n'y a pas que les miroirs qui réfléchissent</p>
<p>Mon nom d'état civil est Jérôme Léon, à vingt j'ai tout envoyé balader pour me baptiser Olivier Steiner, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. D'une certaine façon j'ai fait mon Edouard Louis avant l'heure, sauf que je n'écrivais pas, j'étais même loin d'écrire, je ne foutais rien, je traînais, une traînée je vous dis, un escort sans escorte, offert à tous les vents, au plus offrant, les vents</p>
<p>Alors voilà, ça se passe comme ça : Olivier dit souvent "mon chéri, ma chérie" et Jérôme n'embrasse pas</p>
<p>Olivier voudrait mettre des points à la fin de chaque phase, Jérôme l'en empêche</p>
<p>Olivier peut écrire comme un chef, ça lui arrive, mais Jérôme ne lit pas, pire il pense que ça ne mérite pas de droits car ça n'a pas plus de valeur queue</p>
<p>Olivier est capable de tisser des liens et des réseaux pertinents et stratégiques mais Jérôme les saccage en se conduisant comme un serpent nourri au sein qui vous injecterait son venin à la moindre frustration</p>
<p>Olivier est reconnu par beaucoup comme brillant voire beau mais il est enchaîné à Jérôme qui vit dans l'obscurité d'une cave d'où il tire la chaîne, se trouvant laid, retenant Olivier pour le refaire chuter dès qu'il passe trop de temps sous les sunlights</p>
<p>Olivier est un singe, il séduit et manipule pour que Jérôme le crabe profite et ordonne à l'olivier simiesque de croquer les jugulaires du prochain complice à saigner : le plus jeune - Olivier - présente ses vœux au plus vieux - Jérôme - chaque année le 15 février, des veux-tu en voilà, à toi oui toi sans toit qui n'en veut pas</p>
<p>Olivier fait confiance en l'homme tandis que Jérôme alimente son délire de persécution dans une projection sur d'autres d'intentions néfastes n'appartenant qu'à la fiction</p>
<p>Olivier serait l'enfant monstrueux d'une Duras et d'un Chéreau mais Jérome est bel et bien le fils légitime de Jenny et Michel Léon, demeurant à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées. Jenny est nourrice, elle garde les enfants des autres, Michel était peintre en bâtiment, désormais il est à la retraite, comme on dit</p>
<p>Pendant qu'Olivier dort, Jérôme couche. Dans la nuit, dans le jour, debout et allongé</p>
<p>Bref, ça se passe comme ça, c'est une histoire banale, un oxymore courant les rues, bête comme chou. C'est l'histoire d'une médaille en chocolat dont l'avers représenterait un homme capable du meilleur de soi mais dont le revers laisserait s'animer l'acteur prisonnier d'un scénario le plus ordinairement répandu</p>
<p>Médaille de kermesse mi tarbaise, ah la baise, mi germanopratine, ah la coquine, oscillant sur la tranche, comme une folle toupie, lancée par l'Autre et retombant aléatoirement dans un JE de pile ou face au rythme des montagnes russes, des oscillations de la thymie et des perceptions altérées ou aiguisées du monde phénoménal dans un mouvement qu'on espère finalement pacifié par la mort des pères, les deuils traversés, par la rencontre de Pierre, l'amoureux, de ce que j'espère de l'Amour</p>
<p>L'intelligence oblative c'est la générosité - qui se travaille - la capacité de pardon - qui peut s'apprendre - l'abstention de toute opinion - qui se mérite</p>
<p>Un jour il faudra que je présente Jérôme à Olivier, idem Olivier à Jérôme. Il faudra avoir le talent de créer le guet-apens. Pas sûr qu'ils s'entendent ces deux-là mais bon, avec un peu d'alcool, et si la musique est bonne qu'Olivier embrasse Jérôme qui en a bien besoin pour cesser d'être l'embryon desséché qu'il abrite entre ses imagos parentales internalisées, que Jérôme enfin se laisse faire, pour une fois</p>
<p>Qui signe maintenant ? OS ? JL ? Le client ? Le dealer ? "Alors quelle arme" ?</p>
<p>Mise en ligne Arnaud Genon</p>http://www.autofiction.org/index.php?post/2014/04/09/Olivier-Steiner-par-Jerome-Leonet-le-contraire#comment-formhttp://www.autofiction.org/index.php?feed/atom/comments/823