Jacques Henric est né à Paris le 21 décembre 1938. Enfance passée à Maintenon (Eure et Loir). Ecole Normale d’Instituteurs de Chalons-sur-Marne, 1954-1958. Un an à la Faculté des Lettres de Dijon. Enseigne pendant dix ans dans un collège, à Fismes, près de Reims, puis à Paris, dans plusieurs collèges, et au Lycée Montaigne. En 1991, épouse Catherine Millet rencontrée en 1971. De 1960 à 1968 écrit dans la presse communiste, notamment dans l’hebdomadaire culturel né de la Résistance, Les Lettres françaises, que dirige alors Aragon. Rencontre au milieu des années soixante le groupe Tel Quel. Philippe Sollers publie ses premiers textes dans la revue qu’il dirige aux éditins du Seuil, ainsi que ses trois premiers romans, Archées (1969), Chasses (1975), Carrousels (1980).

Ses romans et essais suivants seront publiés pour l’essentiel chez Grasset, Denoël, Stock, puis à nouveau au Seuil, dans la collection Fiction & Cie.

Jacques Henric relate son parcours biographique (politique et littéraire) dans Politique publié en 2007 aux éditions du Seuil, coll. Fiction & Cie.

En ce qui concerne Comme si notre amour était une ordure, Stock, 2004 Jacques Henric répond à Psychologies :

Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire ce livre ?

Jacques Henric : Plutôt que d’envie, je parlerais de contrainte. Comme s’il me fallait réagir à la manière dont une certaine presse a non pas critiqué nos livres (La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet (Seuil, 2002), et Légendes de Catherine M. de Jacques Henric (Denoël, 2001). – ce qui est légitime –, mais s’en est pris avec une violence inouïe à nos personnes. Plus profondément, ayant éprouvé un sentiment d’insatisfaction à la suite de ce que nous déclarions alors, j’ai souhaité revenir sur cette affaire de l’amour et du sexe. Le sexe et l’amour, disions-nous, n’ont rien à faire l’un avec l’autre. Je pense que les choses sont plus compliquées. Pour dire vite : Catherine Millet a écrit un livre sur le sexe. Je viens d’écrire un livre sur l’amour, ou plutôt sur les liens de l’amour et du sexe. J’ai cherché à comprendre comment notre couple de trente ans a pu vivre ce qu’il a vécu sans jamais être mis en péril.

Son dernier ouvrage, La Balance des blancs (mars 2011) est également publié aux éditions du Seuil, dans la collection Fiction & Cie. “Atteint d’un cancer de la prostate, le narrateur doit subir une intervention chirurgicale qui va mettre en jeu, fût-ce provisoirement, son pénis et sa virilité. Le chirurgien s’appelle… Casanova ! Dès lors, la piste du libertin de Venise est un fil rouge qui nourrit une interrogation sur l’instinct de vie, le spectre de la mort, et la place qu’y occupe la sexualité. Au sortir de cette épreuve, le narrateur éprouve le besoin de prendre un peu distance avec le monde occidental dans lequel il s’est formé, pour aller chercher d’autres perspectives dans un ailleurs qui prend essentiellement le nom d’« Afrique ». Où se trouvent le Bien, le Mal ? Est-on si sûr d’en détenir les clés ? L’équilibre fugace de « la balance des blancs » se heurte à la question de la domination, de l’exploitation, et aussi bien de l’aliénation. À partir d’un événement de sa vie personnelle, Jacques Henric reconsidère une certaine histoire occidentale, et trouve dans l’art et la littérature quelques modèles de rupture qui, en leur temps, ont fui eux aussi leurs origines : Melville, Rimbaud, Segalen, Gauguin… Mais bien d’autres auteurs (de Joyce à Catherine Millet, de Leiris à Quignard, etc.) accompagnent cette réflexion sur le vacillement des certitudes et des évidences

Jacques Henric appartient depuis 1972 au comité de direction de la revue Art press que dirige Catherine Millet.

par Isabelle Grell