Dans cette deuxième partie, Marguerite DURAS se souvient de l'Indochine de son enfance à travers des photos et des films comme "India Song" et "La femme du Gange". Elle évoque la vie de sa mère, ses origines familiales dans le Nord puis le départ en Indochine. D'abord institutrice, sa mère achète ensuite une concession. Ruinée, désespérée quand le Pacifique est monté, elle devient folle. Marguerite DURAS évoque son enfance avec son frère, leur liberté. Elle explique qu'ils se sentaient plus Vietnamiens que français.

Elle se souvient de ces lieux, des gens qui vivaient dans ces colonies comme Anne-Marie Stretter, qui avait en elle ce pouvoir de mort. Dans "India song", elle a filmé cet amour pour cette femme, cette fascination. Elle montre en quoi elle était le modèle féminin. Dans ces dernières années, ses films et ses livres sont une histoire d'amour pour elle. Elle éprouve toujours la même fascination pour Anne-Marie Stretter, incarnée par Delphine SEYRIG (extraits du film). Anne-Marie Stretter devient "Calcutta". "C'est en étant ouverte à tout, Calcutta, la misère, la faim, le désir ... qu'elle est le plus dans l'individualité", elle va vers la libération. Elle est mon désir." Le lieu, cet hôtel abandonné, ce hiatus avec une véritable ambassade a marqué tout le film "India Song". C'est un film sur la fin du monde.

Marguerite DURAS pense que nous sommes dans la fin du monde. Sans ce lieu, elle n'aurait pas pu faire le film. Elle voit la mort d'Anne-Marie Stetter comme un suicide logique, elle est morte empoisonnée par l'Inde. C'est à Trouville que Marguerite DURAS a écrit "Le ravissement de Lol V Stein". Les personnages de "La femme du Gange" déambulent aussi dans les sables, ils marchent au rythme de la mer. Elle parle de sa peur pour la mer qui remonte à son enfance. "Regarder la mer, c'est regarder le tout". Elle souligne combien "La femme du Gange" a compté énormément pour elle. "C'est un lieu de l'angoisse". Tout est écrit, même les déambulations silencieuses, même la mer est écrite. On est débordé par l'écrit mais l'image centuple l'espace du livre. Elle reconnaît que "Hiroshima" est un peu bavard, contrairement à "La femme du Gange", "la parole écrite n'est pas bavarde".

Au cinéma, elle ne fait aucun mouvement. Elle arrive à parler de cinéma mieux que de l'écriture. Elle définit son idée du cinéma. Pour elle, la mémoire est répandue dans tous les lieux. Elle explique pourquoi elle se sent proche de Lol V Stein. "La prétention est de croire qu'on est seule devant sa feuille, alors que tout vous arrive, de vous, de l'extérieur, ... c'est la masse du vécu ...on est hanté par son vécu". Elle se souvient avoir crié, en écrivant "Lol V Stein". Elle parle des femmes et du désir. "Quand les femmes n'écrivent pas dans le lieu du désir, elles sont dans le plagiat". Elle explique la présence des voix féminines off dans ses films. C'est elle, la multiplicité qu'elle porte en elle.Différents plans des lieux de tournage : l'hôtel désert, le hall de l'immeuble de Trouville, la plage ...plans de DURAS marchant sur la plage.Extraits des films "India song", "La femme du Gange".

http://www.ina.fr/video/CPA76069533/les-lieux-de-marguerite-duras-deuxieme-partie.fr.html

(par Isabelle Grell)