« Vers une critique créatrice », par Stéphanie Michineau

Initialement publié in « traduire… Interpréter » (p. 185-193), 31e Colloque international d’Albi Langages et signification, éd. Toulouse II - Le Mirail, 2011.

Je ne voudrais pas commencer cette communication sans remercier conjointement les organisateurs, Pierre Marillaud et Robert Gauthier qui, après m’avoir accueillie chaleureusement en 2009, pour traiter d’un genre qui fait, encore à l’heure actuelle, polémique, l’autofiction (dans une communication ayant pour titre : « L’Autofiction : entre transgression et innovation1 ») m’ont renouvelé leur enthousiasme, cette année encore, pour la communication suivante que j’ai intitulée « Vers une critique créatrice », laquelle me permettra - du moins, j’en formule le vœu - une mise au point salutaire (voire salvatrice).

A vrai dire, l’application a précédé chez moi la théorie et c’est à la soutenance de ma thèse, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette, le 22 juin 20072 lorsqu’il est demandé au candidat durant vingt minutes d’exposer sa méthode que le traitement de cette question m’a permis de poser ce qui n’était encore que des jalons qui se sont affermis depuis. Pour la clarté de mon propos, je vais donc en premier lieu globalement exposer en quoi consiste cette méthode pour y revenir par la suite point par point en l’illustrant au passage, à l’appui de ce que je considère comme mon Triptyque sur Colette composé à l’origine (à rebours de l’ordre de publication, donc3) de Colette : par-delà le bien et le mal ?4, Construction de l’image maternelle chez Colette de 1922 à 19365, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette.

LA THÉORISATION

Par-delà une critique dogmatique « qui hérite du respect du texte (…) et fait de ce texte un usage figé », je défends l’idée, selon l’expression de Jacques Dubois dans La Critique et l’invention6 « d’une critique qui se donne à tâche de faire fructifier le récit, de féconder l’imagination dont il est la trace vive ». Cela me conduit à envisager non pas une critique universitaire qui déformerait le sens du texte (c’est l’idée défendue actuellement par l’équipe Fabula, à l’Ecole Normale Supérieure de Paris7 ; idée à laquelle je ne souscris pas car j’y vois, pour ma part, une dénaturation de la démarche du critique) mais à agrandir certains aspects du texte suivant les affects ou centres d’intérêt du critique. Cette critique moins académique ne se réduirait pas à l’interprétation de l’interprétation (selon l’idée défendue par Marcel Proust dans Le Temps retrouvé pour qui « écrire n’est pas inventer mais traduire le monde ») mais à l’interprétation du monde que lui laisse entrevoir l’écrivain.

LA PRATIQUE : ENTRE OBJECTIVITÉ ET SUBJECTIVITÉ

Il ne faudrait pas pour autant se méprendre sur le sens de la démarche qui a sous-tendu mes travaux universitaires, elle se situe entre « objectivité » et « subjectivité ». Objectivité dans la mesure où certains aspects scientifiques (tels que la prise en compte du contexte culturel et littéraire de l’écrivain, la poétique et la génétique8 pour les principaux) fondent et légitiment cette démarche mais laissent place à une certaine subjectivité que j’ai réservée au péritexte. J’entends par péritexte « tout ce qui se trouve autour du texte » suivant la définition de Gérard Genette9, en l’occurrence il s’agit ici dans le Triptyque que j’ai composé des dédicaces, épigraphes, citations de Colette mais aussi photographies et œuvres autobiographiques de Florence Soltar au milieu, en cahier hors-texte. Péritexte qu’a par ailleurs relevé Nicole Grépat dans son compte rendu du 7 juin 2010 au titre paronomastique « Du Duel au duo : Colette et sa mère » de mon essai CIMC sur le site de la recherche en littérature, Fabula10… et qui l’a - semble-t-il - désagréablement surprise. Je cite : « déroutant dans un travail universitaire » puis plus loin, dévoilant le fond de sa pensée « un peu fantaisiste par rapport à la doxa universitaire ». Si je reprends les termes mêmes de Nicole Grépat, c’est plus à titre d’exemple (son compte rendu est par ailleurs bien argumenté et mérite à cet égard d’être lu) et afin d’expliciter ma démarche. Alors qu’elle fait mention d’une phrase attribuée à la publication dans l’essai de la lettre de Madame Marguerite Boivin (ancienne chargée de recherche des archives de la Société des amis de Colette) « un lecteur soucieux d’éclairer sa réflexion sur Colette et son œuvre » pour mieux me l’attribuer (je n’aurais tout de même pas eu une telle outrecuidance !), le paradoxe du compte rendu réside en ce qu’il clame le peu d’intérêt de l’essai tout en révélant… son aspect déroutant. Mais peut-être est-ce justement parce que la forme n’est pas « pure fantaisie » mais volonté de ma part de contrecarrer une critique trop académique ; quant au fond, le lecteur en jugera par lui-même… Ainsi, le péritexte qui entoure le texte proprement dit recouvre la part de subjectivité qui est entrée dans ma recherche et les clins d’œil à Colette y sont nombreux ! Le péritexte est cousu de fils rouges qui n’en apparaîtront que mieux pour les lecteurs habitués à côtoyer l’univers de Colette. Je ne m’attarderai pas ici pour plusieurs raisons : d’une part, pour ne pas trop m’éloigner de mon sujet et garder l’aspect général du thème qui nous occupe aujourd’hui mais aussi d’autre part, parce que les développements et prolongements plus nombreux éclairant notamment mon Triptyque sur Colette ont déjà fait l’objet de ma part d’une préface que j’ai rédigée pour l’occasion, préface à Colette : par-delà le bien et le mal ? qui prend pour trame de fond cette communication présentement. Autre raison plus triviale : ce serait trop long ! Je ne ferai finalement référence qu’au portrait ayant pour titre « Le Miroir » (situé à l’orée de cette communication), portrait esquissé par ma sœur, Flo Soltar - artiste peintre à La Rochelle11 - qui me semble, à cet égard, éloquent. Flo avait eu la bonne idée de me prendre pour modèle face à un miroir, allégorie, je le comprenais a posteriori, de mon rapport à la lecture de mon écrivaine préférée, Colette. Le fond en était bleu comme les feuilles des livres que couvrait Colette de sa belle écriture. Elle me faisait prendre par là conscience de cette identification qui s’était produite au fil des années. Et alors que ma thèse s’intitule, ainsi que je l’ai déjà mentionné, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette, l’on aurait pu aussi bien parler de l’autofiction du point de vue du récepteur, du critique en l’occurrence. Cela fera sûrement l’objet d’un article futur de ma part mais pour l’heure, ce n’est pas à l’ordre du jour…

Ainsi, ce n’est pas parce que Nicole Grépat feint l’étonnement (ses collègues de l’équipe Fabula, à l’aune de ce que nous avons vu précédemment, sont mieux renseignés, semble-t-il…), plaisanterie mise à part, au nom d’un certain académisme universitaire qu’elle revendique - qu’une telle démarche ne s’inscrit pas dans l’histoire littéraire. Anatole France, André Gide (excusez du peu !) ont pratiqué bien avant moi une critique impressionniste12 et Serge Doubrovsky n’est pas sans évoquer une « nouvelle critique ». (Léger remous dans la grande salle de la Rotonde puisque les sémiolinguistes majoritaires dans cette salle ne sont pas sans savoir que Roland Barthes est à l’origine de ce que l’on a nommé dès 1963 « la nouvelle critique »). « Nouvelle critique » sur laquelle S. Doubrovsky prend appui pour mieux asseoir sa propre conception dirigée vers « une critique créatrice ». Il s’en explique dans un très bel essai - subtil alliage de convictions et de nuances - intitulé Pourquoi la nouvelle critique13que l’on pourra lire et relire pour l’occasion tant son point de vue est éclairant sur la critique universitaire et bien que rédigé en 1966, faut-il s’en réjouir ? encore extrêmement d’actualité en 2010 !

Répondant à Raymond Picard (notre Nicole Grépat à nous, en quelque sorte !... bien entendu, mon plaidoyer ne s’adresse pas à Mme Grépat personnellement - j’insiste sur ce point - mais en réaction plus globalement, à travers elle, à une certaine représentation de la recherche universitaire qu’elle qualifie elle-même d’académique, en d’autres termes fondée sur une vérité objective14), S. Doubrovsky écrivait déjà en 1966, non sans ironie :

On voit donc mieux en quoi Roland Barthes15 et, avec lui, la « nouvelle critique » sont, selon le mot révélateur de Raymond Picard, dangereux. Ils violent un double tabou ou, si l’on veut, ils prennent, d’un seul coup, deux bastilles. A une extrémité, ils touchent soudain à Racine, dernier bastion de la clarté, dernier symbole de la grandeur ; sur cet auteur lauré et vétuste, ils portent une main moderne et sacrilège, ils pénètrent par effraction dans une chasse jalousement gardée. A l’autre extrémité, ils mettent en question le sens de l’acte critique lui-même, ils en dénoncent l’exercice traditionnel. Avec l’éclatement de ce double verrou de sûreté, avec la rupture de ce barrage, tout saute. On passe, sans crier gare, du XVIIe siècle ou du XIXe, en plein XXe siècle16.

S. Doubrovsky, on l’aura compris, n’est pas tendre avec ceux qui nient l’apport de la Nouvelle Critique17. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ce passage :

La compréhension de la littérature doit, elle aussi, entrer dans le XXe siècle. On ne s’étonnera pas que certains s’indignent ou crient « casse-cou » qu’ils serinent à qui mieux mieux « Patience-Modestie-Prudence : ce conservatisme de la pensée n’est qu’un dérisoire combat d’arrière-garde. Ici, patience veut dire piétinement : modestie, médiocrité ; prudence, paralysie. On conçoit sans peine les grincements de dents des gens en place, qui, de leurs positions établies, entendent faire des positions retranchées : leur culture est en grande partie à refaire18.

Plus loin :

Lorsqu’une nouvelle forme de pensée existe (et telle est bien désormais la critique moderne, dans ses manifestations les plus notables), il est absurde et inutile de combattre son existence au nom d’habitudes révolues : si l’on n’est pas satisfait, il convient, certes, de la discuter, de l’aménager, voire de l’attaquer, mais de l’intérieur, en la dépassant, non en la niant19.

Dans la première partie de son essai, S. Doubrovsky, plus apaisé, semble apporter une vision plus distanciée et par conséquent peut-être plus juste de la Nouvelle Critique :

Loin d’être une machine lancée contre l’Université, la nouvelle critique, pour employer désormais sans guillemets ce terme un peu vague et ambitieux mais commode, est née du désir, chez certains universitaires, de mettre leur recherche à l’unisson de leur temps : d’où l’hostilité de nombreux collègues 20.

J’ai donc repris, pour mon compte, cette dénomination de « critique créatrice » mais en y apportant une nuance marquée par la préposition « vers » dans le syntagme à forte dominante occlusive : « Vers une critique créatrice » car c’est effectivement là que se situe pour moi la finalité et en définitive le bien-fondé de la démarche de la critique en littérature française : dans un questionnement existentiel, métaphysique en quelque sorte. Ainsi, la subjectivité du critique en ce sens, ne serait pas, dans l’optique de ma démarche, une fin en soi mais permettrait une approche vers une vérité supérieure ou pour le dire plus simplement une ouverture au Monde qui nous entoure.

C’est ce qu’a très bien perçu Brigitte Aubonnet, la chroniqueuse du site littéraire en ligne, « Encres Vagabondes » (site dont j’ai déjà été amenée à faire mention précédemment), lorsqu’elle écrit dans les dernières lignes de sa chronique consacrée à l’essai : « Le livre de Stéphanie Michineau nous plonge dans l’œuvre de Colette pour mieux en percevoir la dimension littéraire et humaine dans son approche des problématiques universelles21 ».

Dans le même ordre d’idées, le journaliste Jonathan Roux, du Journal du Pays Yonnais, me prêtait déjà ses paroles en septembre 2009 : « Stéphanie Michineau pense même que les auteurs ont beaucoup à nous apporter : « Leurs écrits nous donnent des repères pour avancer dans la vie. Lire est un bon moyen pour faire un travail sur soi-même22. » C’est pourquoi j’ai borné la création dans mon Triptyque sur Colette à l’entourage du texte (les allusions à mon histoire personnelle douloureuse au début et à la fin ; les photos et autres illustrations au centre, dans mon esprit au coeur du livre). J’ai pu constater à cet égard la légère censure qui entoure la publication : un paragraphe retiré, des photos d’illustrations picturales refusées à la publication pour raisons économiques mais parfois plus voilées de bienséance (j’entends « bienséance » dans un sens spécifique, dans le sens où cela ne répondrait pas à la norme universitaire). Ceci expliquant cela, j’aimerai apporter la rectification suivante : ce ne seront pas finalement les éditions Vaillant (ainsi que je l’avais mentionné dans ce présent article publié par les Presses Universitaires Toulouse - Le Mirail) qui publieront Colette : par-delà le bien et le mal ? mais les éditions MPE (Mon Petit Editeur).

C’est ainsi que pour ma part, je ne conçois pas, la critique littéraire comme une création originale mais comme un pas vers la création originale en ce que l’écrivain permettrait d’entrevoir (voire d’accéder à) ce monde que chacun possède en son for intérieur et dont il n’a pas toujours conscience. Ce fut mon cas puisqu’elle donna lieu à l’écriture d’une première création littéraire à proprement parler, Pensées en désuétude23, sous le pseudonyme de Fanny Cosi, toujours illustré par Flo Soltar et publié chez le même éditeur que CIMC, c'est-à-dire Edilivre, en février 2010. Les pages de couverture de l’essai et du recueil se complètent comme si la femme de CIMC qui sortait de la mer épousait dorénavant le mouvement de la vie dans Pensées en désuétude dont l’épigraphe empruntée à Colette se fait l’écho :

Il n’y a de réel que la danse, la lumière, la liberté, la musique… Il n’y a de réel que rythmer sa pensée, la traduire en beaux gestes24.

Philippe Lejeune (référence dans le domaine de l’autobiographie - président de l’APA, l’Association Pour l’Autobiographie à travers la France25) a parfaitement conscience du rôle d’ « inspirateur » de l’écrivain et rend compte de ce processus dans Signes de Vie avec l’humour imagé et truculent qui le caractérise et le rend si savoureux à la lecture26 :

Cette inspiration, c’est l’impression stimulante que l’écrivain en question a entrevu votre œuvre, mais qu’il l’a ratée, qu’il n’est pas allé au bout de vous-même ! Il a eu une bonne idée, sans en tirer vraiment les conséquences ! Avec Proust, on ne pouvait plus rien faire, c’était un modèle écrasant. Les inspirateurs ont l’avantage de vous respecter, ils vous laissent votre chance. Au point que, les jours d’orgueil, vous vous dites que ce sont vos saint Jean-Baptiste, vos annonciateurs, ils ont juste commencé quelque chose que vous allez accomplir 27.

Le terme d’« inspirateur » qu’il propose convient parfaitement, je trouve : qui inspire mais n’est pas trop écrasant pour inhiber !

LIEN ENTE CRITIQUE ET CRÉATION

Un dernier point mérite examen et quelques développements, c’est en quoi la critique, toujours de mon point de vue, peut rejoindre la création.

Intertextualité

La critique en littérature française est, tout comme la création, le produit d’une intertextualité c’est-à-dire, selon la définition de Roland Barthes, fait d’emprunts sauf que là, il s’agit de partir de l’analyse d’autres critiques.

Ainsi, lorsque Marie-Françoise Berthu-Courtivron28, dans une correspondance échangée29, après que je lui ai envoyé CIMC et dans des allusions à peine voilées, me reproche de nombreux emprunts faits à son essai Mère et fille, l’enjeu du pouvoir30 mais reconnaissant elle-même pourtant que son ouvrage fait l’objet dans CICM d’une annexe… le paradoxe n’en éclate que plus au grand jour !

En effet, aucun critique ne saurait partir de rien et se prévaloir du contraire serait illusoire pire… mégalomane. C’est pourquoi dans mon Triptyque - je songe plus particulièrement à CIMC - j’ai mis en annexe mon analyse de l’ouvrage de Marie-Françoise Berthu-Courtivron31 autour du thème similaire - pesant les ressemblances et dissemblances - pour au final, m’en détacher pour mieux tendre à affirmer mon originalité.

Toute proportion gardée, cette correspondance m’a tout de suite fait songer à la petite polémique entre Marie Darrieussecq et Camille Laurens (polémique dans laquelle, je précise, je ne prendrai pas parti). M. Darrieussecq, accusée de plagiat psychique, évoquait dans un article des Inrocks, le 9 janvier 2011 32, la violence de tels propos et allait jusqu’à parler de « condamnation à mort à plus ou moins longs termes » (ce sont les mots qu’elle emploie33). Dans l’affaire qui nous occupe, je n’irai pas jusque là bien entendu, je songerai plutôt à une volonté d’inhibition.

Autotextualité

Autre rapprochement entre critique et création littéraire, l’autotextualité : cette fois, le critique fait référence à ses propres productions scripturales.

Fondant cette analyse encore une fois sur ma propre expérience de la recherche, je me suis aperçue que les conférences et autres articles pouvaient être (en attendant une future réédition) un moyen judicieux de prolonger des réflexions ébauchées dans un essai. Ce fut le cas de mon article « Colette écrivaine : par-delà la mort d’une mère34 » rédigé dix ans après la première mouture de CIMC dont certains aspects évoluèrent en fonction de mon expérience de vie. Je n’approfondirai pas ici.

Enfin, un dernier point mérite que l’on en parle, l’interdisciplinarité.

L’interdisciplinarité

Il me semble que l’on peut trouver des effets très novateurs dans l’interdisciplinarité qui là encore va à rebours d’une critique académique et est surtout le fait, à l’heure actuelle, principalement, en France du moins, d’une Université ouverte à tous35. Ainsi, je songe que la critique en ce qu’elle peut établir des ponts entre littérature française, psychanalyse, droit, histoire, philosophie peut trouver des effets particulièrement intéressants.

C’est dans une telle démarche que s’inscrit CIMC qui n’a pas échappé à la clairvoyance de Joël Bonnemaison (journaliste et directeur d’antenne de Vendée Web TV 36) qui a terminé son article portant sur l’essai et rédigé dans l’Informateur judiciaire auquel il collabore, par ces mots ô combien révélateurs : « Littérature ou psychanalyse ? En tout cas, un fort intéressant essai sur un auteur-femme à redécouvrir37 ».

Dans mon article « La Maltraitance maternelle dans la trilogie de Jules Vallès (1876-1886) 38 », j’ai eu l’occasion de revenir sur la diachronie des droits de l’Enfant (niés à l’époque de Jules Vallès39).

Colette : par-delà le bien et le mal ? (mon dernier essai en date que j’ai été amenée à évoquer précédemment) est, quant à lui, on l’aura compris, un clin d’œil au philosophe Friedrich Nietzsche, bien entendu !

On peut dire, au terme de cette communication - sans rentrer dans le débat stérile d’une critique de la critique -, que celle-ci avait pour but (ambition peut-être) d’amener un début de questionnement autour de ce qui fait l’essence même de la recherche. A trop la figer, ne risque-t-on pas, en effet, de la vouer à l’isolement (voire à une certaine mortification ou pire… un ennui démesuré ?!). La recherche en littérature française ne se doit-elle pas d’évoluer (de continuer à évoluer, soyons optimistes) pour être vivante et actuelle… et par là même intéresser le plus grand nombre ?

MICHINEAU Stéphanie, spécialiste de l’autofiction, de l’autobiographie et de Colette. michineau_stephanie@yahoo.fr

Notes

1. « Autofiction : entre transgression et innovation » in Ecritures Evolutives, éd. Université Toulouse II - Le Mirail, 2010. L’article bénéficie d’une mise en ligne sur le site qui fait référence dans le domaine de l’autofiction : http://autofiction.org/ rubrique « articles sur le genre » mais aussi sur mon blog universitaire régulièrement mis à jour : http://stephanie-michineau.publibook.com

2. Thèse publiée dans l’année qui a suivi : MICHINEAU Stéphanie, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette, Paris : coll. EPU, éd. Publibook, août 2008.

3. Comme si la publication effectuait un retour en arrière identique au fonctionnement de la mémoire.

4. Parution prévue en septembre 2011 aux éd. MPE (Mon Petit Editeur). Le point d’interrogation à la fin du titre est important à relever car il y a beaucoup plus de sens moral chez l’ écrivaine, Colette, que sa réputation sulfureuse ne le laisse soupçonner.

5. MICHINEAU Stéphanie Construction de l’image maternelle chez Colette de 1922 à 1936, Paris : coll. APARIS, éd. Edilivre, février 2009. Du fait de la longueur du titre, j’emploierai à partir de maintenant, dans la communication, les abréviations CIMC pour le désigner.

6 DUBOIS Jacques, La Critique et l’invention, éd. Defaut/Guillet, 2004.

7 Une journée d’études et de discussion a été organisée en juin 2010 dans le cadre des activités de l’équipe Fabula à l’Ecole Normale Supérieure de Paris avant la publication des Actes prévue à l’automne 2011.

8 Qui traite de la genèse des textes.

9 GENETTE Gérard, Seuils, Paris : éd. du Seuil, 2002, p. 10.

10 Vous disposez de trois moyens pour accéder au CR : consultable directement en ligne à partir du lien suivant http://www.fabula.org/revue/document5733.php ou par le biais du site «autofiction.org » qui a établi le lien http://www.autofiction.org/index.php?post/2010/08/30/Stephanie-Michineau-Construction-de-l-image-maternelle-chez-Colette-de-1922-a-1936 ou par mon blog universitaire, rubrique « presse ».

11 Une de ses œuvres picturales avait servi à illustrer mon article précédemment cité « L’Autofiction : entre transgression et innovation », op. cit.. Blog de l’artiste : http://florencesoltar.blogspot.com

12 Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter au très bon « Que sais-je ? » : La Critique littéraire, par J-C CARLORI et Jean-C. FILLOUX, Paris : éd. Presses Universitaires de France, 6e édition 1969.

13 DOUBROSKY Serge, Pourquoi la nouvelle critique, Critique et objectivité, éd. Denoël/Gonthier, 1972 (1re éd., Mercure de France, 1966). Il est, par ailleurs, fort dommageable (notamment pour la recherche universitaire justement) que cet essai ne bénéficie pas à l’heure actuelle d’une réédition. J’ai pu, quant à moi, me le procurer comme livre d’occasion sur « Chapitre.com » (Internet).

14 Lorsque N. Grépat écrit dans son compte rendu « soulignons que cet essai veut plus persuader que convaincre  » convaincre suppose, comme chacun en a conscience, des arguments rationnels et la persuasion, des arguments d’ordre plus subjectif en l’occurrence. En ce sens, S. Doubrovsky fustige les termes de « vérité » et « objectivité » rattachés à la norme universitaire, leur préférant « validité » et « subjectivité ». Relevons, pour notre part, le paradoxe du compte rendu (encore un !) qui, dans le même temps qu’il prône une lecture objective du critique, est cousu (irions-nous jusqu’à employer le terme de rabâchement ?) de citations de Julia Kristeva qui se rattache (il n’est pas inutile, à cet égard, de le souligner) au groupe Tel Quel, directement influencé par Roland Barthes, à l’origine, on vient de le voir, de la Nouvelle Critique.

15 Roland Barthes, critique auquel S. Doubrovsky fait remonter la naissance de la Nouvelle Critique, datant de 1963, sur laquelle il prend appui pour mieux asseoir sa propre conception.

16 DOUBROSKY Serge, Pourquoi la nouvelle critique, op. cit., p. 12-13.

17 J’ai pris le parti de mettre des majuscules.

18 DOUBROSKY Serge, Pourquoi la nouvelle critique, op. cit., p 14.

19 Ibid., p. 15.

20 Ibid, p. 25.

21 Lien direct vers la chronique littéraire de CIMC, rédigée par Brigitte Aubonnet, le 24 août 2010 http://www.encres-vagabondes.cm/magazine/michineau.htm

22 A noter que l’article de Jonathan Roux ainsi que la chronique précédemment citée sont consultables en ligne sur mon blog universitaire : rubrique « revue de presse » pour le premier et rubrique « lien » pour la seconde.

23 Il s’agit d’un recueil de « textes courts et proses poétiques » comme l’analyse si bien Serge Cabrol, directeur de la revue littéraire en ligne « Encres Vagabondes », consultable à partir du lien suivant : www.encres-vagabondes.com. Lien direct vers la chronique littéraire dédiée au recueil, le 18 mai 2010 : http://www.encres-vagabondes.com/magazine/cosi.htm

24 Si vous voulez connaître la suite de Pensées en désuétude, Edilivre a eu la lumineuse idée de mettre gratuitement sur la Toile les « 30 premières pages du recueil » à partir du lien suivant http://www.edilivre.com/doc/16492, puis cliquez sur « lire un extrait du livre ».

25 Je fais, pour ma part, partie de l’APA de Nantes et rédige des articles pour la Faute à Rousseau et les Cahiers de l’APA.

26 Mais aussi lors de ses conférences ou autres manifestations culturelles publiques.

27 LEJEUNE Philippe, Signes de vie, Le Pacte autobiographique 2, Paris, éd. du Seuil, 2005, p. 180.

28 Présidente active de la Société des amis de Colette de 2007 à 2009, M-F Berthu-Courtivron savait allier l’affabilité au charisme pour le bien de la Société ; Société dont par ailleurs, j’étais membre depuis 2002 et à laquelle j’ai pris le parti depuis cette année (décision justifiée par de multiples raisons qui seront étayées dans une publication ultérieure) de ne plus adhérer. Pour être parfaitement juste, il faut néanmoins reconnaître que c’est (paradoxalement ?) sous le patronage de M-F Berthu-Courtivron que j’ai pu apporter ma modeste contribution aux Cahiers Colette de 2008 à 2009.

29 Postale pour ma part et Internet la concernant.

30 Titre dont certains lecteurs, je l’imagine, ne pourront s’empêcher, à cet égard, de relever le caractère prémonitoire, voire ironique…

31 BERTHU-COURTIVRON Marie-Françoise, Mère et fille, l’enjeu du pouvoir, Essais sur les écrits autobiographiques de Colette, Genève : éd. Droz, 1993. Long et brillant essai que je recommande aux lecteurs au regard de CIMC, pourquoi pas ? Dans l’article intitulé « Colette écrivaine : par-delà la mort d’une mère », in Femmes de Bourgogne , éd. Vaillant, le 8 mars 2010, j’en ai même dévoilé le rôle déclencheur . A savoir que l’article est consultable en ligne sur le site « Autofiction.org », rubrique « articles sur auteurs ».

32 http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/1263020400/article/marie-darrieussecq-laccusation-de-plagiat-est-une-mise-a-mort/

33 C’est d’ailleurs l’objet de son dernier ouvrage ayant pour titre Rapport de police, Paris : éd. POL, 2010.

34 « Colette écrivaine : par-delà la mort d’une mère », op. cit..

35 Pierre Marillaud, me rappelle, tout de même, lors du débat qui suit la communication, que les Colloques internationaux Langages et signification d’Albi ne tombent pas dans ce travers. A juste titre d’ailleurs, car le thème du futur colloque d’Albi 2011 (prévu du 11 au 14 juillet) ne porte-t-il pas sur « L’Ambiguïté dans le discours et dans les arts » ?

36 A titre non lucratif, dans le cadre de l’Information départementale, Vendée Web TV possède un site consultable en ligne à partir du lien suivant : www.vendeewebtv.fr . Je suis, par ailleurs, intervenue dans une rubrique du site, intitulée « Promenade littéraire » (encore visible sur le site) dans laquelle on me voit m’entretenir avec Joël Bonnemaison en public (le 4 mars 2010, à la librairie Agora de La Roche-sur-Yon) à propos de CIMC. L’interview est précédée de « l’Actualité sur les livres » du libraire, Michel Gauvrit.

37 Informateur judiciaire, n° 6440, le 23 octobre 2009.

38 Alors que Jules Vallès vécut à Nantes de 1845 à 1852, mon article intitulé « La Maltraitance maternelle dans la trilogie de Jules Vallès » rentre dans le cadre des Rencontres « Jules Vallès et l’Autobiographie » organisées par la médiathèque de Nantes en partenariat avec l’Association pour l’Autobiographie (APA), l’Association des Amis de la bibliothèque et l’Association des Amis de Jules Vallès. Il est publié conjointement sur le site des récits de vie fondé par Michèle Cléach « Le dire et l’écrire » http://www.ledireetlecrire.com/ à la rubrique « articles » ; ainsi que sur le site « Autofiction.org », rubrique « articles sur auteurs ».

39 Dans L’Enfant, Jacques Vingtras (sorte de double de l’auteur) est fouetté « à heures fixes » par sa mère. C’est ainsi que s’ouvre l’incipit mémorable du premier récit de la Trilogie Vallèsienne, composée de L’Enfant suivi du Bachelier et de L’Insurgé.