Vernissage le 5 avril à 18h30

Avec Gilbert Garcin (photographies), Sébastien Laudenbach (film d’animation), Jean Le Gac (dessins), Chloé Micout (court-métrage), Marcel Miracle (dessins), Valérie Mréjen (vidéos), Natalia Solo-Mâtine (installation)

Autofictions et mythologies personnelles http://www.forum-meyrin.ch/system/files/private/dp_autofictions.pdf

Galerie Ligne treize (rue Ancienne 15, Carouge, tél. 022/301 42 30).

L’exposition

Avec Gilbert Garcin (photographies), Sébastien Laudenbach (film d’animation), Jean Le Gac (dessins), Chloé Micout (court-métrage), Marcel Miracle (dessins), Valérie Mréjen (vidéos), Natalia Solo-Mâtine (installation)

L’exposition Autofictions et mythologies personnelles décrit l’aventure d’artistes contemporains qui explorent l’intime, croisent fiction et réalité. Dans une perspective de composition, ou recomposition de soi, ce processus permet l’émergence de l’œuvre. Ces auteurs se façonnent une identité artistique en se prenant comme objet de leur œuvre, pour s’inventer un destin et élaborer une autre représentation de soi. « Je est un autre », la formule de Rimbaud est devenue universelle. « Je est un autre », beaucoup d’autres, sans pour autant être vraiment quelqu’un d’autre. Le moindre blogueur, en jouant avec les identités, en s’inventant des parcours de vie fictifs, le sait. « Je » deviendrait même cette aptitude baroque à la métamorphose.On peut se souvenir aussi de la formule de Roland Barthes, en exergue de son autobiographie, « tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman », puis du néologisme « autofiction » inventé en 1977 par Serge Doubrovsky en quatrième de couverture de son livre Fils qu’il définit comme « une fiction d’événements et de faits strictement réels ». De là est né un nouveau genre littéraire, à mi-chemin entre l’autobiographie et l’invention pure, représenté par Alain Robbe-Grillet, Georges Perec, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute et plus récemment Emmanuel Carrère ou Chloé Delaume. Un élan similaire traverse la création plastique à la fin des années 60. En réaction à la pensée formaliste, certains artistes réintroduisent la narration dans l’art et des critiques évoquent le concept de mythologie personnelle. À la Documenta V de Kassel en 1972, Harald Szeemann crée une section qu’il nomme Mythologies individuelles et englobe dans cette définition des œuvres de caractères formels différents. « Mythologie personnelle » exprime la transposition du quotidien par l’individu pour atteindre le personnel, c’est-à-dire l’intime. Parmi ces artistes pionniers figurent Jean Le Gac, aux côtés de Christian Boltanski et Annette Messager. Aujourd’hui, ce territoire de l’autofiction est toujours vaste et les procédés aussi variés. Les œuvres choisies dans cette exposition convoquent les mots, le dessin ou l’image. Elles sont des chroniques individuelles où seuls des fragments sont livrés. Certains, comme Sébastien Laudenbach, mettent en scène dans une version romancée un moment précis de leur propre vie. D’autres, comme Valérie Mréjen, utilisent un moment de la vie des autres qu’ils transforment subjectivement en autofictions. Jean Le Gac et Marcel Miracle cèdent, quant à eux, à la tentation littéraire. Hommes d’images et peintres de paroles, le premier nous plonge dans sa bibliothèque surdimensionnée, l’autre nous dévoile son petit manuel de minéralogie prophétique. Enfin, Chloé Micout, Natalia Solo-Mâtine et Gilbert Garcin inventent, par des procédés multiples, des mondes étranges où le surnaturel devient une magnifique supercherie. Parler de mythologie personnelle et d’autofiction, dans le domaine artistique, revient à évoquer les interrogations que pose l’artiste à la société dans laquelle il vit. Interrogations qui portent sur l’identité et sa fragilisation. Aujourd’hui, à l’ère du développement de la globalisation et de la cybernétique, le net est devenu un support de diffusion et de démultiplication de l’écriture de soi

mise en ligne par Isabelle Grell