Olivier Steiner par Jérôme Léon...et le contraire...

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(Photographie I.Roth)

Aux amis qui aiment l'autofiction, à celles et ceux qui ne pensent pas que l'autofiction est une dérive narcissique stérile mais un vrai mouvement de l'ensoi vers toi, généreuse, tout sauf égotique, paradoxalement, parce qu'il n'y a pas que les miroirs qui réfléchissent

Mon nom d'état civil est Jérôme Léon, à vingt j'ai tout envoyé balader pour me baptiser Olivier Steiner, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. D'une certaine façon j'ai fait mon Edouard Louis avant l'heure, sauf que je n'écrivais pas, j'étais même loin d'écrire, je ne foutais rien, je traînais, une traînée je vous dis, un escort sans escorte, offert à tous les vents, au plus offrant, les vents

Alors voilà, ça se passe comme ça : Olivier dit souvent "mon chéri, ma chérie" et Jérôme n'embrasse pas

Olivier voudrait mettre des points à la fin de chaque phase, Jérôme l'en empêche

Olivier peut écrire comme un chef, ça lui arrive, mais Jérôme ne lit pas, pire il pense que ça ne mérite pas de droits car ça n'a pas plus de valeur queue

Olivier est capable de tisser des liens et des réseaux pertinents et stratégiques mais Jérôme les saccage en se conduisant comme un serpent nourri au sein qui vous injecterait son venin à la moindre frustration

Olivier est reconnu par beaucoup comme brillant voire beau mais il est enchaîné à Jérôme qui vit dans l'obscurité d'une cave d'où il tire la chaîne, se trouvant laid, retenant Olivier pour le refaire chuter dès qu'il passe trop de temps sous les sunlights

Olivier est un singe, il séduit et manipule pour que Jérôme le crabe profite et ordonne à l'olivier simiesque de croquer les jugulaires du prochain complice à saigner : le plus jeune - Olivier - présente ses vœux au plus vieux - Jérôme - chaque année le 15 février, des veux-tu en voilà, à toi oui toi sans toit qui n'en veut pas

Olivier fait confiance en l'homme tandis que Jérôme alimente son délire de persécution dans une projection sur d'autres d'intentions néfastes n'appartenant qu'à la fiction

Olivier serait l'enfant monstrueux d'une Duras et d'un Chéreau mais Jérome est bel et bien le fils légitime de Jenny et Michel Léon, demeurant à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées. Jenny est nourrice, elle garde les enfants des autres, Michel était peintre en bâtiment, désormais il est à la retraite, comme on dit

Pendant qu'Olivier dort, Jérôme couche. Dans la nuit, dans le jour, debout et allongé

Bref, ça se passe comme ça, c'est une histoire banale, un oxymore courant les rues, bête comme chou. C'est l'histoire d'une médaille en chocolat dont l'avers représenterait un homme capable du meilleur de soi mais dont le revers laisserait s'animer l'acteur prisonnier d'un scénario le plus ordinairement répandu

Médaille de kermesse mi tarbaise, ah la baise, mi germanopratine, ah la coquine, oscillant sur la tranche, comme une folle toupie, lancée par l'Autre et retombant aléatoirement dans un JE de pile ou face au rythme des montagnes russes, des oscillations de la thymie et des perceptions altérées ou aiguisées du monde phénoménal dans un mouvement qu'on espère finalement pacifié par la mort des pères, les deuils traversés, par la rencontre de Pierre, l'amoureux, de ce que j'espère de l'Amour

L'intelligence oblative c'est la générosité - qui se travaille - la capacité de pardon - qui peut s'apprendre - l'abstention de toute opinion - qui se mérite

Un jour il faudra que je présente Jérôme à Olivier, idem Olivier à Jérôme. Il faudra avoir le talent de créer le guet-apens. Pas sûr qu'ils s'entendent ces deux-là mais bon, avec un peu d'alcool, et si la musique est bonne qu'Olivier embrasse Jérôme qui en a bien besoin pour cesser d'être l'embryon desséché qu'il abrite entre ses imagos parentales internalisées, que Jérôme enfin se laisse faire, pour une fois

Qui signe maintenant ? OS ? JL ? Le client ? Le dealer ? "Alors quelle arme" ?

Mise en ligne Arnaud Genon