Carine Roucan, « La mort en face », Éditions du Net, 2015

"J’ai exploré chaque recoin de mon âme, chaque parcelle de mon corps, pour combattre le cancer. » Cette phrase reflète tout l’esprit du dernier ouvrage de Carine Roucan dont elle est extraite. En 2012, l’enseignante et écrivain originaire du Havre apprend qu’elle est atteinte d’un cancer de l’œsophage, très rare pour une trentenaire sans problème d’alcool ni de tabagisme, et subit une opération qui va lui sauver la vie. Aujourd’hui, elle décide de faire part de son expérience dans son ouvrage intitulé La mort en face, autofiction d’une cancéreuse.

Entre catharsis et recherche identitaire

Toutefois, Carine Roucan n’a pas toujours songé à publier ce récit ; elle l’a avant tout écrit pour elle-même. « J’ai commencé à écrire spontanément en octobre 2012, à l’annonce de ma maladie, explique-t-elle ; d’abord sous forme de journal, pour m’occuper l’esprit. L’écriture a vraiment été une catharsis, un moyen de trouver la force pendant cette épreuve. En le relisant quelques mois plus tard, j’ai eu envie de le publier, mais pas sous forme de témoignage. Je voulais en faire une vraie création littéraire, et j’ai choisi l’autofiction. »

Tandis que l’autobiographie tend à raconter des événements d’une vie dans un ordre chronologique, l’autofiction va mettre l’accent sur un moment de crise de la vie de l’auteur, et sur la façon dont celui-ci a vécu les événements, sur son cheminement intérieur.

Ce récit est donc le manifeste de tout un travail sur l’identité, sur la nécessité de trouver des repères, un nouvel équilibre malgré la maladie : « Face à un sentiment d’urgence, à la possibilité de mourir, j’ai eu besoin de savoir qui j’étais vraiment, avoue l’auteur. C’est un récit très personnel, que j’ai longtemps hésité à publier, avant de me dire que les gens pouvaient se retrouver dans ce livre. La recherche identitaire est commune à toutes les malades, mais c’est aussi une problématique humaine. »

Les souvenirs et les rêves ont aussi une place prépondérante dans le récit : « J’étais dans une période d’attente et je rêvais énormément. C’est ainsi que mon inconscient m’aidait à digérer les informations. »

Avec cette autofiction authentique et sobre, Carine Roucan se rapproche du style d’auteurs tels qu’Annie Ernaux.

LAURÈNE BERTELLE http://www.paris-normandie.fr/detail_article/articles/3497373/ecrire-pour-mieux-guerir#.VYuhIPntmkp

Le livre est disponible depuis le début du mois sur les sites des Éditions du Net (www.leseditionsdunet.com), d’Amazon, de la Fnac ou bien sur commande en librairie.