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La romancière, essayiste, Camille Laurens signe son dix-septième roman : « Celle que vous croyez ». Elle s’entretient avec Laure Adler.

De son vrai nom, elle s’appelle Laurence Ruel. Comment l’idée d’un pseudonyme lui est-elle venue ? « Je m’était amusée dans mon premier roman à rêver et à rire autour de la question du pseudonyme ». Dans son premier ouvrage, « Index » (Gallimard, 1991), elle se met elle-même en abîme et raconte l’histoire d’une femme qui achète un livre plus ou moins par hasard : « Ce livre s’appelle index et il est écrit par un ou une ‘’Camille Laurens’’. Ce roman raconte sa vie, et notamment un épisode de sa propre vie qu’elle aurait voulu garder secret et qu’elle voit étalé, là, à longueur de pages. »

Dans ses romans, Camille Laurens s’inspire de Jose Luis Borges et se joue de son lecteur pour l’emmener dans des récits dont la structure labyrinthique introduit un sentiment d’étrangeté et attise la curiosité: « Je n’ai jamais cessé d’apprécier et de pratiquer ces constructions pour perdre un peu le lecteur, me perdre moi-même. Qu’on soit obligé de revenir en arrière, d’essayer une autre piste, que ce soit une impasse. »

« C’est quelque chose qui me plait et qui correspond peut-être à l’idée de la vie. Car en fait on ne sait jamais trop où on va, ou si on va trouver la sortie, ce qui correspond aussi à ce que j’aime en littérature. Que ce ne soit pas forcément trop linéaire, qu’on n’aille pas de A à B comme ça, trop tranquillement. »

A la lecture des différents ouvrages de Camille Laurens, on est surpris par la variété du style d’écriture et la diversité des formes de récit. Elle répond : « Il n’y a pas de recettes, même si, par ailleurs, je pense comme Marcel Proust qu’on écrit toujours le même livre, parce qu’on est hanté par quelques obsessions. Mais à chaque fois je cherche une forme différente, peut être pour dire toujours la même chose… »

publié par Isabelle Grell