Karl Ove Knausgaard : « Je veux me débarrasser de l’intoxication de moi-même » (LE MONDE DES LIVRES | 02.04.2017 Propos recueillis par Raphaëlle Leyris)

L’auteur de « Mon combat », monumental roman autobiographique, dont trois tomes sur six sont parus en français, évoque ce chef-d’œuvre lors d’un rare passage à Paris.

Un peu mal à l’aise, fumant cigarette sur cigarette, il laisse planer de longs silences entre ses phrases. Quand on le rencontre, Karl Ove Knausgaard est très exactement comme son lecteur l’imagine. Et comment pourrait-il en être autrement ? Ce Norvégien né en 1968, installé en Suède, est l’auteur d’un gigantesque roman autobiographique en six tomes, affublé du titre Mon combat – Min Kamp, en norvégien ­ – par ironie (« C’est un gros livre sur ma vie, aussi gonflé de doutes que le Mein Kampf d’Hitler en est dépourvu ») autant que par bravade, d’un goût contestable. Sur les six volumes, trois ont paru en France : La Mort d’un père, Un homme amoureux et Jeune homme (Denoël, 2012, 2014, 2016). Il y décrit son existence dans tous les détails, du plus trivial au plus grave ou significatif, de la texture des corn-flakes au nez cassé du cadavre de son père, de l’éblouissement amoureux à l’ennui du change des couches. Un texte hypnotique, bourré de défauts (dus à la vitesse à laquelle il a été écrit, qui est au cœur même du projet), mais d’une vitalité irrésistible, d’une puissance et d’une vérité telles qu’on le lit avec une avidité de drogué – la comparaison avec les narcotiques revient souvent chez ses admirateurs. Qui sont nombreux : en Norvège, un adulte sur dix a acheté Mon combat ; aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne aussi, son succès est important. Un court et rare passage à Paris était l’occasion de l’interroger sur cette œuvre phénomène à laquelle la France n’a pas encore totalement succombé – mais cela ne saurait tarder. Il y a quelques jours est mort un important écrivain français, Serge Doubrovsky, père de l’« autofiction », qui est sans doute le genre où classer votre œuvre. L’un des événements qui l’ont rendu célèbre est le suicide de sa femme, après qu’elle a lu « Le Livre brisé » (Grasset, 1989), un texte sur leur couple qu’elle l’avait mis au défi d’écrire....

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