Écritures autobiographiques dans les littératures des pays nordiques, 1960-2020 (revue Nordiques n° 42)

Depuis 2009, la série autobiographique en six volumes et 3500 pages Mon combat (2009-2011, trad. fr. 2012-2020) de l’écrivain norvégien Karl Ove Knausgård est devenu un phénomène majeur sur la scène européenne et mondiale de la littérature contemporaine. Traduit en une vingtaine de langues, objet d’éloges de la part des critiques, l’œuvre témoigne du succès des écritures autobiographiques auprès des auteurs et des lecteurs d’aujourd’hui. Si l’engouement pour le genre s’observe dans plusieurs pays européens, il semble particulièrement important dans les pays nordiques. La Suédoise Susanna Alakoski et ses journaux d’un mois qui abordent d’une manière analytique un sujet politique – la pauvreté dans Oktober i Fattigsverige (Octobre dans la Suède de la pauvreté, 2012) et les dépendances dans April i Anhörigsverige (Avril dans la Suède des parents, 2015) – attestent de la créativité du genre et de sa pertinence critique, tout comme le font les carnets Contre l’art (2009, trad. fr. 2013) et Contre la nature (2011, trad. fr. 2015) du Norvégien Tomas Espedal, l’Album (2002, traf. Fr. 2015) de l’Islandaise Guðrun Eva Mínervadóttir et, dans un registre plus poétique, le Danois Yahya Hassan avec ses deux recueils éponymes (2013 et 2019). L’exploration des nombreuses facettes du « moi » et de la « vie » est également au cœur de plusieurs projets expérimentaux, comme le 12 du poète finlandais Henriikka Tavi

(https://henriikkatavi.wordpress.com/tietoja/in-english-what-is-12/) et le Das Beckwerk de l’artiste multiforme danois Claus Beck-Nielsen, connu aussi sous les noms de clausbeck-nielsen.net, Helge Bille Nielsen, Helge Nielsen et Madame Nielsen.

La richesse artistique de la production actuelle ainsi que les succès critiques et commerciaux des auteurs actifs dans ce domaine demandent à être analysés de plusieurs points de vue capables de mettre en lumière par exemple (la liste ci-dessous n’est pas exhaustive) :

les formes et les stratégies narratives dans la littérature autobiographique dans les pays nordiques aujourd’hui ;

l’évolution des sous-genres de l’autobiographie (journal, carnet, la confession, etc.) ;

la traduction culturelle, conceptuelle et artistique de la notion d’« autofiction » dans la critique et la création nordiques ;

la négociation de la frontière politique entre le public et le privé ;

l’expansion de l’espace littéraire dans les médias numériques et les réseaux sociaux ;

l’évolution de la fonction de l’auteur dans le champ littéraire national et global.

Le phénomène nécessite également une série de contextualisations dans le champ culturel et politique des pays nordiques. Sans remonter aux inscriptions commémoratives des pierres runiques qui constituent peut-être le premier exemple nordique du genre, on peut évoquer le rôle adossé par la littérature de confession dans les débats sur la société dans les années 1960-1970. Les auteurs comme les Suédois Jan Myrdal, fils du célèbre couple d’intellectuels et auteur des Confessions d’un Européen déloyal (1964, trad. fr. 1973), et Åke Hodell, poète concrétiste auteur d’un Självbiografi (Autobiographie, 1967), les Finlandais Pentti Saarikoski, Pekka Kejonen, Märta Tikkanen, dont L’histoire amour du siècle (1978, trad. fr ; 2011) raconte son mariage avec Henrik Tikkanen, auteur lui-même d’une autobiographie confessionnelle sur son alcoolisme, ont tous participé par leurs œuvres et par leur rôle public aux discussions brûlantes de leur temps, inaugurant une période dans l’histoire des écritures autobiographiques nordiques qui continue aujourd’hui.

Date limite pour les propositions d’article (200 mots environ) : le 30 juin 2021.

À envoyer à l’adresse harri.veivo@unicaen.fr.

Information sur l’acceptation de la proposition : 31 août 2021.

Première version de l’article (max. 40 000 signes) : le 30 novembre 2021.

Les manuscrits seront soumis à une évaluation en double aveugle.

Pour les consignes de style, voir https://journals.openedition.org/nordiques/343.

Call for Papers / Nordiques n° 42 - Spring 2022 Autobiographical writing in Nordic literature, 1960-2020



Since 2009, Karl Ove Knausgård’s 6-volume and 3500-page autobiographical series My Struggle (2009-2011, transl. 2012-2019) has become a major phenomenon on the European and world scene of contemporary literature. Translated to twenty languages and showered with critical praise, the work speaks to the success of autobiographical writing with today’s authors and readers. If enthusiasm for the genre can be observed in multiple European countries, it seems particularly high in the Nordic ones. The Swede Susanna Alakoski and her month-long journals that tackle political subjects in an analytic fashion – poverty in Oktober i Fattigsverige (October in the Sweden of Poverty, 2012) and dependency in April i Anhörigsverige (April in the Sweden of Parents, 2015) – attest to the creativity of the genre and to its critical relevance, as do the notebooks Against Art (2009, transl. 2011) and Against Nature (2011, transl. 2015) of the Norwegian Tomas Espedal, Album (2002) of the Icelandic Guðrun Eva Mínervadóttir and, in a more poetic register, the Dane Yahya Hassan with his two eponymous collections (2013 and 2019). An exploration of the many facets of « me » and of « life » is likewise at the heart of many experimental projects, such as 12 by Finnish poet Henriikka Tavi (https://henriikkatavi.wordpress.com/tietoja/in-english-what-is-12/) and Das Beckwerk by the multiform Danish artist Claus Beck-Nielsen, also known as clausbeck-nielsen.net, Helge Bille Nielsen, Helge Nielsen et Madame Nielsen. The artistic richness of current literary production as well as the critical and commercial success of authors active in the field therefore demand to be analysed from multiple viewpoints to highlight for example (the list is not exhaustive) :

Narrative forms and strategies in the Nordic autobiographical writing of today ;

The evolution of autobiographical subgenres (journal, notebook, confession, etc.) ;

Cultural, conceptual and artistic translations of the notion of « autofiction » in Nordic criticism and literary production ;

The negotiation of the political boundary between public and private ;

The expansion of literary space into digital media and social networks ;

The evolution of the author’s function in the national and global literary sphere.

The phenomenon requires likewise a series of contextualisations within the cultural and politcal spheres of the Nordic countries. Without going back to the commemorative inscriptions on runestones which constitute perhaps the first Nordic example of the genre, one can call to mind the role that confessional literature took up in social debates in the 60s and the 70s. Authors such as the Swede Jan Myrdal, son of a famous couple of intellectuals and author of Confessions of a Disloyal European (1964, transl. 1968), and Åke Hodell, concretist poet and author of a Självbiografi (Autobiography, 1967), the Finns Pentti Saarikoski, Pekka Kejonen, and Märta Tikkanen, whose Love of Story of the Century (1978, transl. 1984) relates the story of her marriage with Henrik Tikkanen, himself the author of a confessional autobiography on the subject his alcoholism, all participated through their work and in their public role in heated discussions of the time, ushering in a period in the history of Nordic autobiographical writing that continues to the present day.

Deadline for proposals (c. 200 words) : 30 June 2021.

All submissions should be sent to harri.veivo@unicaen.fr.

Information regarding the acceptance of a proposal : 31 August 2021.

First draft of the article (max. 40 000 characters) : 30 November 2021.

The manuscripts will be submitted to a double blind peer review.

For guidelines on style, please see https://journals.openedition.org/nordiques/343.

RESPONSABLE : La revue Nordiques

URL DE RÉFÉRENCE https://journals.openedition.org/nordiques/

publié par Isabelle Grell