Almodóvar n’écrira pas ses Mémoires, il vient de les filmer. Sa mise en scène n’a jamais été aussi directe et épurée. Un chef-d’oeuvre.

Ce n’est pas une autobiographie, précise Almodóvar, plutôt une autofiction. Coquetterie d’un artiste inquiet de s’être livré trop intimement. Qui Antonio Banderas incarne-t-il sinon l’alter ego du cinéaste ? Salvador, son personnage, est réalisateur. Il habite un appartement identique à celui d’Almodóvar, porte les mêmes vêtements. En rééducation après une opération chirurgicale, Salvador déprime. Il s’épanche sur les migraines, sciatique, tendinite qui rythment son quotidien. Il se souvient de son enfance miséreuse dans la campagne de Valence comme d’un havre de bonheur renoirien au centre duquel rayonnait sa première star, sa mère (Penélope Cruz). Il renoue avec Alberto, acteur junkie sur le retour, auquel il ne parlait plus depuis trente-deux ans et qui l’initie à l’héroïne. Ensemble, ils doivent présenter à la Cinémathèque madrilène une version restaurée du film à l’origine de leur fâcherie.

Un cinéaste s’est-il déjà raconté si frontalement ?

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