Université frères Mentouri Constantine 1, Faculté des lettres et des langues , Laboratoire SLADD organise le 14 & 15 novembre 2022

le Colloque international intitulé L’écriture de soi : mutations culturelles et linguistiques d’un genre littéraire/ Colloque hybride : en présentiel et en ligne



Dans le cadre de ses activités scientifiques, le laboratoire Sciences du Langage Analyse du Discours et Didactique consacre ce colloque international à la production des textes littéraires contemporains connaissant une nouvelle impulsion du récit de soi.

En effet, s’écrire, se dire, se raconter, se représenter, « mettre en récit sa vie » ou raconter son quotidien sont des actes en lien avec les récits de soi. Ce sont également des formes d’écriture pour lesquelles un regain d’intérêt, tant de la part des écrivains que de celle des théoriciens, se remarque de plus en plus dans le domaine des Lettres où les écrivains se dévoilent dans des fictions, des autobiographies ou des biographies trouvant dans leur vécu , celui des autres aussi une matière féconde pour la confection de récits véhiculant des messages individuels et/ou incarnant des idées issues de contextes précis.

Si traditionnellement, l’on fait remonter cette pratique d’écriture de soi à Jean Jacques Rousseau avec Les Confessions, allant à Jean Paul Sartre, Nathalie Sarraute et bien d’autres encore, il n’en demeure pas moins que l’écriture de soi se veut plus antérieure et voit le jour aux premiers siècles de l’Humanité comme en attestent les écrits de Saint-Augustin.

Cependant et au cours de son Histoire, cette littérature a suivi tout un cheminement pour devenir, de nos jours, un genre à part entière. Aussi des théoriciens tels que Philippe Lejeune, Serge Doubrovsky, Vincent Colonna, pour ne citer que ceux-là, ont tenté de théoriser l’écriture de soi selon divers aspects.

Le récit de soi mérite donc que l’on se penche sur les problématiques diverses que sa pratique suscite.

Au préalable, il convient de rappeler que le récit de soi suppose un dévoilement. Or, dans les sociétés conservatrices, dévoiler son intériorité peut être incompatible avec le principe de réserve. Pendant longtemps, parler de soi a été considéré comme inconvenant et à bannir, du fait de la retenue et de la pudeur placées au fondement des valeurs de sociétés aux antipodes de l’introspection et des épanchements émotionnels de l’individu.

D’autre part, il faut souligner que, dans les autres cultures, le récit de soi a été pratiqué d’abord « sous couvert de fiction ». Rappelons, cependant, que l’essor de la technologie a bouleversé les mentalités. Et à l’époque contemporaine, l’ouverture au monde et à l’altérité développe la pratique de l’écriture et de la mise en scène de soi dans la littérature mais l’introduit également à travers le phénomène des réseaux sociaux dans les habitudes et pratiques de personnes étrangères à la littérature. Dans ce contexte, il serait judicieux de repérer les traces laissées par le désir- rejet du dévoilement de soi perceptibles dans certains récits pour comprendre le changement opéré dans les mentalités.

En revanche, depuis l’avènement de la psychanalyse, parler de soi porte encore souvent les marques d’une forme de thérapie. On estime alors que l’on écrit l’histoire de sa vie, de sa personnalité, plus pour soi-même, pour se (re)construire, que pour les autres, loin de la volonté de donner à voir aux autres une vie en cours d’accomplissement. Aujourd’hui, on évoque la résilience.

Néanmoins si pour certains, écrire sur soi croise la sphère privée et la sphère de l’intime, le récit de soi ne peut échapper à autrui. Outre l’idée répandue que la plupart de ceux qui se mettent en scène auraient besoin de la validation du regard d’autrui sur leur vécu, en analyse du discours, les spécialistes soulignent, pour leur part, que l’écriture ne peut s’affranchir des mots d’autrui. « La littérature du je » s’inscrit d’emblée et toujours dans une société, dans la dynamique d’un discours social auquel elle emprunte sa vision du monde.

En somme, les mutations que l’écriture de soi a connues depuis quelques décennies révèlent un genre en perpétuelle évolution et variation. L’autobiographie, le journal intime, les mémoires, les confessions, l’autoportrait, la correspondance, l’autofiction constituent diverses formes de l’écriture de soi qui demeurent en relation directe avec l’identité et la mémoire, le présent et le passé. On ne saurait manquer de rappeler que la dernière forme citée, l’autofiction, a nourri de nombreuses polémiques autour de ses fondements, sa perception et ses normes d’écriture.

Force est de constater que le récit de soi est de plus en plus adopté par les auteurs et adapté au mode de pensée actuel envahissant de la sorte notre quotidien. Les fragments autobiographiques et les formes nouvelles (véhiculées par les plateformes numériques et grâce à l’auto-édition) donnent matière à réflexion.

Ainsi observer et décrire les formes du genre, les codes d’écriture et de lecture, évaluer les rapports avec les contextes et avec l’identité, semble nécessaire pour saisir le fonctionnent narratif des récits de vie qui ont pris le devant de la scène avec une telle envergure, notamment au XXIe siècle.

Dès lors de nombreuses questions s’imposent : quels risques comporte le dévoilement de soi ?
Peut-on tout dire ? Quelle est la part de vérité, celle de la fidélité ? Et celle du mensonge et/ou de la fiction ? Le récit de soi met-il nécessairement en jeu l’intime ? Quels masques sont parfois nécessaires, apparents ou cachés ? Comment situer l’individuel, le collectif ?

Quel est le rapport de l’écriture de soi aux pratiques sociales ? Quelles sont les relations du présent au passé ? Celles qui relient le soi à soi, à l’autre ? Comment l’Histoire est-elle intégrée au récit de soi ? Comment le récit de soi est-il reçu, perçu par le lecteur ?

Les études littéraires dans leurs relations avec les sciences humaines et sociales à savoir linguistique, analyse du discours, anthropologie, philosophie, histoire, psychanalyse, psychologie, sociologie, narratologie, didactique… invitent à réfléchir à partir d’exemples concrets sur les rapports du récit de soi à l’écriture et au réel.

Ce genre littéraire présente de fait une perspective de recherche dont l’intérêt grandissant peut porter tant sur les formes, les thématiques, les contenus, les normes et pratiques, les limites sociales, le rapport aux contextes et à l’histoire que la didactique des langues et des cultures.




Ainsi les contributions porteront essentiellement sur les axes suivants :

1. Vertige des mots et balises culturelles

2. Le dire « sur le qui-vive », écriture de soi et urgence de l’écriture

3. Jeux de voix, marges énonciatives

4. Interaction, médiation. Du passé individuel au passé collectif ; empathie et rapport à l’autre

5. Écriture de soi et « mythe personnel », vérité, subjectivité et mémoire

6. Récit de soi et techniques narratives (dislocation, collage, dispersion…)

7. Destruction identitaire/reconstruction et résilience par la mise en scène de soi

8. À la croisée des langues et des cultures : le récit de soi

9. Le récit de soi comme outil et support d’enseignement/apprentissage des langues

10. Le récit de soi et l’enfance

11. Confusions génériques et liens entre les différentes formes

12. Le lecteur et le contrat de confiance

13. La transversalité dans le récit de soi




Orientations bibliographiques



BARTHES Roland (1979), Roland Barthes par Roland Barthes, Paris, Seuil

COLONNA Vincent (2004), L’autofiction (essai sur la fictionalisation de soi en Littérature), Doctorat de l’E. H.E.S.S.

DE CERTEAU Michel (1980), L’invention du quotidien, Paris, Gallimard

DOUBROSKY Serge (2002), Fils, Paris, Galilée

DOUBROVSKY Serge(1980), Parcours critique, Paris, Galilée

FOUCAULT Michel (1975), Surveiller et punir : Naissance de la prison, Paris, Gallimard

GASPARINI Philippe (2004), Est-il je, Paris, Seuil

GENETTE GERARD (1991), Fiction et Diction, Paris, Seuil

GOFFMAN Erwing (1973), La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Editions de Minuit

LECARME Jacques et LECARME-TABONE Eliane (1997), L’autobiographie, Paris, Armand Colin

LEJEUNE Philippe (1975), Le pacte autobiographique, Paris, Seuil

(1980), Je est un autre. L’autobiographie de la littérature aux médias, Paris, Seuil

(2005), Signe de vie. Le pacte autobiographique II, Paris, Seuil

RICOEUR Paul (1990), Soi-même comme un autre, Paris, Seuil

SAME Emmanuel (2013), Autofiction, père et fils, Dijon, U. de Dijon

COLONNA Vincent, L’autofiction. Essai sur la fictionnalisation de soi. Thèse dirigée par G. genette, EHESS 1989

DARRIEUSSECQ Marie (1996), "L’autofiction, un genre pas sérieux", Poétique n° 107, Septembre 1996




Modalités d’envoi des propositions de communication

-Date limite d’envoi des propositions de communication le 26 octobre 2022.

Mode de participation

Communication en présentiel ou communication en ligne

Proposition de communication ne doit pas dépasser 500 mots maximum

· Nom & Prénom

· Etablissement d’attachement :

· Fonction/grade :

· Mail :

- Les langues de communications sont : le français, l’arabe et l’anglais.

- Brève notice biobibliographique (en fichier séparé)

- Merci d’adresser votre proposition de communication à l’adresse mail suivante : colloqueconstantine2022@gmail.com

Présidente du colloque : Dre. Hanène LOGBI.

Comité scientifique

Pr.Abdelwaheb DAKHIA, (Université Mohamed Khider), Biskra

Pr.Ali. KAZWINI-HOUSSEINI (Université Libanaise)

Pr.Lebdai BENAOUDA (Le Mans université)

Pre. Ilham HOTEIT, (Université Libanaise)

Pre.Laarem GUIDOUM (Université Frères Mentouri.Constantine 1)

Pr.Mustapha TRABELSI, (Université de Sfax)

Pre.Nawel KRIM (Université Alger 2)

Pre. Nedjma CHERRAD (Université Frères Mentouri. Constantine 1)

Pre. Yasmina CHERRAD (Université Frères Mentouri. Constantine 1)

Pr.Yacine DERRADJI (Université Frères Mentouri.Constantine 1)

Pr.Pierre FANDIO (Université de Buea, Cameroun)

Pr. Said SAIDI, (Université Batna)

Pre. Samia KASSAB-CHARFI Université deTunis, Tunisie)

Pre BOUBAKOUR (Université Mostefa BenBoulaid, Batna 2)

Pre.Sophie NICOLAIDES-SALLOUM, (Université Arabe de Beyrouth)

Pre. Souhila OURTIRANE- RAMDANE (Université Sétif 2, Sétif)

Pre. Zeineb BEN GHEDAHEM (École Polytechnique de Tunis)

Dr. Abdeldjallil BENNOUI (Centre Universitaire Abdelhafid Boussouf, Mila)

Dre. Anissa BENARAB (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dr.Antar BENSAKESLI (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dre.Cécilia.W Francis (Université Saint-thomas Fredericton,Nouveau-Brunswik)

Dr. Cherif SOUTI (Université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi)

Dr..Farid BITAT (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dre. Hanane BENDIB (Centre Universitaire Abdelhafid Boussouf, Mila)

Dre. Hanène LOGBI (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dre.Ikram BENTOUNSSI (Université Larbi Ben M’’hidi d’Oum El Bouaghi)

Dre.Kaouther BENYAMINA (Université Frères Mentouri. Constantine 1)

Dre.Louiza IKEN, (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dr.Mehdi BENDIAB (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dre. Manel GHIMOUZ (Université Mohamed Seddik Benyahia, Jijel)

Dre.Meriem BOUGHACHICHE (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dre.Nabila BEDJAOUI (Université Mohamed Kheider.Biskra)

Dre. Nour Elhouda LARAOUI (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dr.Radouane AISSANI, (Université Frères Mentouri Constantine1)

Dr. Redha BENMESSAOUD (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dre.Samiha ASSAS (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dre. Saoussen BOUCHEMAA (Université Frères Mentouri Constantine 1)

Dre. Souheila BOUCHEFAA (Université Sétif 2, Sétif).

Responsable : LOGBI Hanène Url de référence : https://fac.umc.edu.dz/fll

https://www.fabula.org/actualites/110123/lecriture-de-soi--mutations-culturelles-et-linguistiques-dun-genre.html

publiépar Isabelle Grell