Portraits – portraits de soi chez Francis Bacon et Serge Doubrovsky

Par Anne-Marie Barthas-Corgier

Introduction

Serge Doubrovsky, écrivain français, et Francis Bacon, peintre anglais, sont contemporains à 20 ans près ; Francis Bacon a vraiment fait de la peinture son métier à partir de 1945, une vingtaine d’années avant que Serge Doubrovsky ne commence son autofiction.

Serge Doubrovsky, né en 1928, écrit son autofiction depuis environ 35 ans ; il a publié dans ce domaine six ouvrages de 1969 à 1999, de 40 à 70 ans. Il est lui-même le personnage central de son oeuvre, si bien que l’auteur, le narrateur et le personnage sont parfois difficiles à distinguer. Il se livre sans souci chronologique – c’est précisément une caractéristique qu’il attribue à l’autofiction ; mais il pratique des retours incessants sur les événements qui l’ont profondément touché, en particulier dans son enfance et son adolescence.

Chez Francis Bacon, les autoportraits sont fréquents ; mais il a aussi représenté un grand nombre de personnages bien identifiés, amis le plus souvent, et d’autres sans identité particulière, nommés « femme », « enfant », « deux hommes », ou encore « nu », « personnage » : délégués de l’espèce humaine, substance de la condition humaine : le peintre lui-même, vous, moi, tous les hommes.

Qu’est-ce qui, dans le portrait et l’autoportrait, rapproche les oeuvres, littéraires ou picturales, des deux artistes ? La figuration de l’animal humain, une image obsédante du Père et de soi-même, essentiellement. Mais l’oeuvre n’a pas la même fonction chez Francis Bacon et chez Serge Doubrovsky.

J’ai choisi de m’arrêter sur quelques oeuvres de Francis Bacon et sur La Dispersion1 de Serge Doubrovsky, premier tome de l’autofiction, publié en 1969.

A / L’homme-viande

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Edité par Isabelle Grell