Berlin Telegram, de Leila Albayaty. Documentaire inédit en France, projeté ce 17 avril dans le cadre du 18e Panorama des cinéma du Maghreb et du Moyen-Orient. PCMMO 2013

Par Siegfried Forster

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C’est l’histoire d’une rupture amoureuse, surmontée grâce à et devant la caméra. La rage d’une femme, quittée par l’amour de sa vie, fournit le carburant dramatique et cinématographique pour ce road-movie qui se déroule entre Bruxelles, Berlin, Lisbonne et Caire. Berlin Telegram est un docu-fiction autobiographique, mise en scène et

C’est l’histoire d’une rupture amoureuse, surmontée grâce à et devant la caméra. La rage d’une femme, quittée par l’amour de sa vie, fournit le carburant dramatique et cinématographique pour ce road-movie qui se déroule entre Bruxelles, Berlin, Lisbonne et Caire. Berlin Telegram est un docu-fiction autobiographique, mise en scène et en musique par Leila Albayaty. Les origines irakiennes de la réalisatrice et chanteuse expliquent la présence de son premier long métrage au 8e Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient. Et c’est tant mieux. Le film démarre sur une petite scène de théâtre à Bruxelles. Elle chante et pleure en même temps avant de s’écrouler dans les coulisses : « Tu m’as tué, bien lâchement, pour une autre », murmure-t-elle avant de quitter sa ville, mais pas sans avoir juré, caméra à l’épaule, qu’elle « cherchera une lumière, un autre visage ». Sa nouvelle vie commence un 3 mai, à Berlin. Les deux seuls mots qu’elle maîtrise, ce sont « Entschuldigung » et « Danke schön ». Tant pis. Cette ville connaît comme elle la destruction et l’envie de se reconstruire sur une autre base. Berlin lui donne de nouveaux amis, de nouvelles idées, une nouvelle force de confronter ses fantômes.

Le timbre juste

Les traces qui défilent sauvagement à l’écran, c’est sa nouvelle vie qui est en train de prendre forme. Les images vacillent comme les sentiments qu’elles expriment. Leila Albayaty tient la caméra comme on conduit cheveux au vent. Le tout est rythmé par la musique qu’elle compose et interprète elle-même. « Tous les jours, je me lève et joue la musique. Cela me sauve ». Et ses nouveaux amis lui font vitre comprendre que ses chansons sont beaucoup trop romantiques pour Berlin. Ensemble, ils cherchent le juste timbre. Alors, elle apprend à placer sa voix dans le groupe, dans la société et dans sa propre vie.

Une traversée de sa nouvelle existence

Tourné en six semaines en petite équipe et avec un petit budget, Leila Albayata assume pleinement de mettre en scène sa propre vie. Filmé avec beaucoup de délicatesse et précision (chaque dialogue du scénario a été écrit), elle nous offre à travers de sa voix sublime une traversée de sa nouvelle existence. Cette quête la mène finalement aussi au Caire. C’est là que son père s’est installé, malgré sa nostalgie pour sa ville natale, Bagdad. Quand toute la famille se retrouve réunie dans une petite barque au Caire, son père lui fait une confidence : toute sa vie, il rêvait d’être pêcheur à l’aube, chasseur la journée et guitariste le soir. Ainsi, c’est lui qui envoie de l’Égypte le message clé de Berlin Telegram. C’est ainsi que, toute à la fin et en filigrane, Leila Albayaty réussit d’entremêler et démêler ses différentes vies et ses origines.

Source http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130417-berlin-telegram-une-autofiction-envoyee-leila-albayaty

Mise en ligne : Arnaud Genon