Philippe Forest se pose dans cet article la question sur les nouvelles parutions dans le domaine de l'autofictif (Camille Laurens, celle que vous croyez, Gallimard, 2016. Delphine de Vigan et Serge Doubrovsky). Il y dénonce l'invention d'"histoires vraies". En évoquant Tom est mort de Marie Darrieussecq (POL, 2007), il écrit que "Là où l'autofiction prend la forme d'une histoire fausse pour raconter une histoire vraie, de plus en plus souvent, comme s'il en était devenu l'image en miroir, le roman simule la forme d'une histoire vraie pour raconter une histoire fausse." Ce que l'on a nommé l'exfoliation, désignant par ce terme nouveaux les livres dans lesquels c'est au miroir de la vie d'un autre que l'auteur se réfléchit constitue pour Forest l'une des variantes de l'autofiction et son contraire. Mais l'autofiction n'est pas encore "post", elle n'a pas fait son temps dit l'écrivain. Au contraire, "elle ne cesse de s'engager sur des voies différentes afin de ne pas renoncer au questionnement qui lui est propre et de le pousser plus loin sans se satisfaire des formules toutes faites dont elle a déjà usé. Le vrai qu'il exprime, le roman l'expérimente selon les formes fictives qu'il lui donne et qui exigent d'être continuellement repensées, renouvelées." et salue par la le nouveau roman de Camille Laurens.

Publié par Isabelle Grell

Philippe Forest, "L'autofiction et après", in Art Press, n° 431, mars 2016, p. 70-73.