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Grand Prix du festival d'Angoulême 2001, Martin Veyron n'est pas ce que l'on peut appeler un adepte du politiquement correct. Révélé au grand public dans les années 80 avec son personnage phare, Bernard Lermite, il se moque avec distance du milieu bourgeois. Il revient sur son parcours et livre son point de vue sur le monde de la bande dessinée.

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Martin Veyron, né le 27 mars 1950 à Dax, est un auteur de bandes dessinées français. Son œuvre se compose d'albums humoristiques et de dessins de presse. Son style oscille entre le vaudeville désenchanté et l'étude de mœurs un peu acerbe.

Carrière

Martin Veyron a été élève aux Arts déco de Paris. En 1975, il co-fonde le studio Imaginon avec Jean-Claude Denis et Caroline Dillard. Il publie ses premiers travaux d'illustration dans Lui, L'Expansion et Cosmopolitan.

Ses débuts en bande dessinée datent de 1977. Il crée cette année-là dans L'Écho des Savanes son personnage fétiche Bernard Lermite. Pour ce même magazine, il écrit Edmond le cochon, dessiné par Jean-Marc Rochette. Dans Pilote, il publie Raoul et Rémy (1978) et, sous le pseudonyme de Richard de Muzillac, Olivier Désormeaux (dessin de Diego de Soria, 1984). Ses albums paraîtront aux Éditions du Fromage, chez Casterman et chez Albin Michel. En parallèle, il publie de nombreux dessins de presse dans Libération, Paris-Match, Le Nouvel Observateur, L'Événement du jeudi... Son activité ne se limite pas au dessin puisqu'en 1985 il adapte son album L'Amour propre sur grand écran. En 1996 sort son premier roman, Tremolo Corazon.

Il reçoit en 2001 le Grand Prix du Festival de bande dessinée d'Angoulême, ce qui fait de lui le président du festival en 2002.

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Œuvres

Bande dessinée

Oncle Ernest (avec Jean-Claude Denis, Casterman, 1978)

Bernard Lermite (Éditions du Fromage, 1979)

Plus lourd que l'air (Éditions du Fromage, 1979)

Personnellement je ne veux pas d'enfants (mais les miens feront ce qu'ils voudront) (Éditions du Fromage, 1980)

L'éternel féminin dure (Éditions du Fromage, 1981)

Ce n'est plus le peuple qui gronde mais le public qui réagit (Dargaud, 1982)

Peut-on fumer après la mort ? (Albin Michel, 1988)

Le pagure est connu (Albin Michel, 1993)

Edmond le cochon (scénario de Martin Veyron, dessin de Jean-Marc Rochette)

Edmond le cochon (Éditions du Fromage, 1980)

Edmond le cochon va en Afrique (Éditions du Fromage, 1981)

Le continent mystérieux (Albin Michel, 1983)

Le mystère continental (Albin Michel, 1993)

L'amour propre (ne le reste jamais très longtemps) (Albin Michel, 1983)

Zodiaque (album collectif, Les Humanoïdes associés, 1983)

Olivier Désormeaux – Âge ?... Moyen ! (scénario de Martin Veyron, dessin de Diego de Soria, Dargaud, 1984)

Executive Woman (Albin Michel, 1986)

Bêtes, sales et mal élevés (Futuropolis, 1987)

Donc, Jean... (Albin Michel, 1990)

Jivara (Albin Michel, 1992)

Cru bourgeois (Albin Michel, 1998)

Caca rente (Albin Michel, 2000)

Trois d'entre elles (Albin Michel, 2004)

Cour Royale (avec Jean-Marc Rochette, 2005)

Papy Plouf (Albin Michel, 2006)

Recueils de dessins

Un nègre blanc le cul entre deux chaises (Futuropolis, 1980)

Vite ! (Albin Michel, 1988)

Politiquement incorrect (Hoëbeke, 1995)

Film

1985 : L'Amour propre ne le reste jamais très longtemps

Monographie

Martin Veyron, faiseur d’histoires, par Benoît Mouchart, éditions du Musée de la bande dessinée, 2002 (ISBN 2-907-84832-1)

Interview de Sandra Rude, le 16 janvier 2002

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Martin Veyron : Je suis rentré sur concours à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, qui ne forme pas du tout à la BD, mais qui a l'avantage de donner un enseignement cérébral, intellectuel. A la sortie, il a bien fallu pourtant que je trouve un boulot.

J'ai commencé par promener mes cartons dans les rédactions : ce ne sont pas des souvenirs très drôles. J'ai donc vécu, pendant 3 ans, en publiant des dessins dans des petites revues. C'était mal payé, mais ça m'a appris le métier.

Et puis, un beau jour de 1977, je n'avais rien à faire, pas de commandes, et je me suis dit que j'allais commencer une BD. C'était parti, Bernard Lermite était né, et j'ai pu le publier en mai dans l'Echo des Savanes, qui était, à l'époque, une revue vaguement underground. Deux ans plus tard, mon premier album paraissait.

Vous aviez toujours voulu faire de la BD ?

M. V. : J'en ai lu beaucoup enfant, comme tous les garçons, puis je me suis arrêté à l'adolescence, il y a d'autres choses à découvrir ! Je ne voulais pas faire de la BD, car elles ne s'adressaient alors qu'aux enfants. Mais, dans les années 70, les choses ont évolué avec des revues comme l'Echo des Savanes et l'apparition de la contre-culture. On pouvait enfin s'adresser aux adultes et parler de l'environnement social.

Après la parution de votre premier album, votre vie a-t-elle changé ? Vous êtes-vous retrouvé plus "demandé" que demandeur ?

M. V. : Avec mon premier album, j'ai commencé à gagner ma vie plus régulièrement et, surtout, j'ai senti que la chance me souriait. Mon album ne faisait pourtant pas des ventes fracassantes, mais l'éditeur en voulait plus. Mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas gagné pour autant.

D'ailleurs, 15 ans plus tard, j'ai eu un passage à vide. Ce n'est pas parce qu'on est arrivé à faire un album qu'on peut faire ça en fonctionnaire ensuite. Chacun a son histoire, mais ce n'est pas dur de se retrouver sans rien. Il suffit de s'engueuler avec quelques maisons d'éditions et c'est fini. C'est un tout petit milieu...

Comment voyez-vous l'avenir de la BD en général, dans ces conditions ?

M. V. : Je pense que la plupart des gens pensent que la BD, c'est con. Or ça peut changer, il peut se produire un phénomène de mode. Les gens qui n'en lisent jamais peuvent se rendre compte qu'il y a des BD qui leur correspondent. De la BD modeste, d'auteur, et pas forcément la énième aventure d'un agent secret crétin entouré de minettes avec des gros nichons.

De la BD d'auteur. Vous pensez à des auteurs en particulier ? Des gens de la jeune génération ?

M. V. : Dans la jeune génération qui commence à percer, il y en a de très brillants, parce qu'ils sont cultivés. Leur champ d'inspiration est plus vaste, ils savent parler français et leur style graphique est rapide. Je pense notamment à Trondheim, Sfar, Guibert, Blain, Marjane Satrapi ou encore Blanchin.

Un style rapide, vous voulez parler de nouvelles technologies ?

M. V. : Pas forcément. Plutôt dans leur façon de réaliser des dessins. Mais, je reconnais que le résultat est parfait avec un ordinateur. Le problème, c'est que les gens tombent dans un perfectionnisme de mauvais goût avec ces techniques : les effets de brume, les dégradés quasi infaisables à la main sont possibles, mais je trouve ça moche. Alors qu'un petit jus mal fini a du charme. Et puis, le dessin à la main, c'est plus sympa, plus sensuel.

Pour conclure, quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes qui ont envie de se lancer dans le métier ?

M. V. : L'idéal est de tout savoir faire en BD, le dessin, le scénario, d'ailleurs on gagne mieux sa vie. Tout le monde peut raconter des histoires, sans nécessairement faire une école. L'essentiel est de se cultiver par ailleurs et de regarder la vie, pas les représentations qui en sont déjà faites. Même s'il faut bien gagner de quoi vivre, il ne faut pas perdre de vue que les récompenses ne viendront pas seulement de l'argent, mais avant tout du plaisir à faire ce travail. Et ça, on peut l'obtenir dès le début.

Propos recueillis par Sandra Rude, le 16 janvier 2002 dans http://emploi.france5.fr/emploi/metiers/culture-sports-loisirs/10298581-fr.php